Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a-t-il fait une annonce prématurée ? Le concept stratégique de l’Otan a été adopté mercredi au sommet de Madrid. L’Alliance veut muscler sa présence militaire sur le flanc est et a annoncé porter à 300.000 hommes ses forces à haut niveau de préparation. En cas d’agression d’un des pays membres, ils seraient censés pouvoir intervenir sous bref délai. Un chiffre qui suscite bien des interrogations, car jusqu’à présent seuls 40.000 soldats pouvaient être déployés dans ces conditions-là. Intox ou augmentation significative ?
Selon un haut gradé français, "il est impossible à ce stade d'envoyer sur un terrain de guerre, en urgence, 300.000 soldats issus de 30 nationalités différentes", et ce en moins de 15 jours. Sans compter les équipements, le soutien logistique, les transmissions. Interrogé sur le sujet, l'Élysée affirme ne pas y voir très clair et renvoie vers le secrétariat général de l'Otan qui promet dans la journée une liste détaillée pays par pays.
Une guerre de communication
L'annonce de ces 300.000 soldats est davantage un étiquetage plutôt qu'une réelle mobilisation des forces théoriques en réserve et qui tournerait régulièrement entre les États membres. À cela, il faudrait ajouter les contingents prépositionnés dans les pays d'Europe de l'Est, jusqu'à 5.000 par brigade.
"Attention aux chiffres", prévient, prudente, une source militaire. Washington a aussi gonflé les muscles mercredi en annonçant la présence de 100.000 soldats américains sur le sol européen. À titre de comparaison, ce chiffre représente la moitié du nombre de militaires d'actifs que comptent les armées françaises. La guerre est aussi une guerre de communication et les chiffres un levier de dissuasion.