En septembre 2015, la photo du petit Aylan, enfant syrien retrouvé mort sur une plage turque, bouleversait l'Europe. Plus de six mois après, l'organisation non-gouvernementale allemande Sea-Watch, qui participe aux opérations de sauvetage de migrants en Méditerranée a décidé de diffuser à son tour la photo d'un bébé retrouvé noyé. Le but : alerter l'Union Européenne, a expliqué l'ONG dans un communiqué.
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"Les conséquences de la politique européenne". "Si vous ne voulez pas voir ces images, arrêtez de les produire !", explique l'ONG dans le texte qui accompagne la diffusion de cette photo, montrant un très jeune enfant dans les bras d'un des membres de l'organisation, à bord d'une embarcation. L'organisation estime devoir diffuser cette photo, jugeant que "ces images tragiques doivent être vues par la société européenne car les tragédies sont la conséquence de la politique étrangère européenne". Dans son communiqué, l'ONG ne donne aucune information ni sur l'âge, ni sur l'identité de cet enfant.
Une embarcation de 350 personnes. La photo diffusée lundi a été prise lors d'une opération au large des côtes libyennes le 27 mai, après qu'une embarcation à bord de laquelle se trouvaient 350 personnes, eut chaviré, explique l'ONG. "Beaucoup d'entre eux étaient déjà morts lorsque l'équipe Sea-Watch est arrivée", précise-t-elle, affirmant que "la gravité de la situation exige la publication" de ces photos. "Dans le sillage de ces événements terribles, il devient clair que les appels des politiciens européens à mettre un terme à ces morts en mer ne sont que des mots", déplore le fondateur de l'ONG, Harald Höppner.
Pas de "prise de conscience" depuis Aylan. En 2015, l'émotion provoquée par la photo d'Aylan, largement relayée dans la presse européenne et sur les réseaux sociaux, avait suscité l'espoir des ONG. "Cette photo va peut-être changer l'histoire, c'est possible", avait alors estimé l'historien de la photo Pierre-Jean Amar, interrogé par Europe1.fr. "La mort d'un enfant, dans ces circonstances-là, émeut. Et peut entraîner une prise de conscience de nos hommes politiques", avait-il jugé. "Depuis Aylan, 340 enfants se sont noyés", pointait pourtant Amnesty International en février, dans un rapport pointant la mauvaise gestion de la crise des migrants.
"Petit bébé noyé parmi les 700 victimes en Méditerranée cette semaine" via @haraz18https://t.co/XUGiUf2pxYpic.twitter.com/FeyyfIfCfr"
— Diane Lockyer (@dlockyer) 31 mai 2016