Elles se déclenchent à la vue d'un objet, d'un animal, ou à l'idée de sortir de chez soi ou de se retrouver enfermé quelque part. Si les phobies peuvent prêter à rire, il s'agit pourtant de vraies pathologies, qui peuvent être terriblement handicapantes. Et touchent 10% de la population, surtout les femmes. La bonne nouvelle, c'est qu'il est possible d'en guérir.
Invité de l'émission "Sans Rendez-Vous", le professeur Antoine Pelissolo, chef du service de psychiatrie à l'hôpital Henri Mondor de Créteil, le confirme. Dans le meilleur des cas, les peurs phobiques disparaissent d'elles-mêmes, et ce même si elles semblent très sévères. Chez les petits enfants par exemple, beaucoup passent sans qu'il soit besoin d'intervenir. En revanche, il n'est pas inutile de "faire une évaluation des choses" entre 5 et 10 ans si la phobie est toujours là.
"Désobéir à sa peur"
Pour les autres, "le seul traitement possible, c'est de désobéir à sa peur", explique le Pr Antoine Pelissolo. Dans le cas d'une phobie simple, qui correspond à la peur d'un animal ou d'une chose, "il faut se rapprocher de l'objet de sa peur par étape, pour supporter ce que cela nous fait. L'organisme va s'ajuster à quelque chose qui n'est pas dangereux."
Ce qu'il faut bien intégrer, insiste le spécialiste, c'est qu'"on ne meurt pas de peur". Car bien des patients sont parfaitement conscients que cette araignée ou ce chien dont ils ont une peur panique ne leur feront aucun mal. En revanche, ils peuvent paniquer à l'idée de paniquer et craindre, par exemple, d'étouffer de peur.
Des thérapies comportementales et cognitives
D'autres phobies sont plus complexes à traiter. Il s'agit de la phobie sociale, "qui correspond à la peur de l'autre et de son jugement", explique Antoine Pelissolo, et l'agoraphobie "qui impacte vraiment tous les déplacements" et peut parfois pousser les gens à ne plus sortir de chez eux. Dans ces cas-là, "on fait une consultation avec un psychologue ou un psychiatre", détaille le professeur. "Il existe des thérapies comportementales et cognitives (TCC). On va essayer d'éplucher le problème, de comprendre les croyances derrière les peurs. Il faut désamorcer ces croyances avant ensuite de se confronter."
Ces thérapies peuvent être accompagnées dans les cas les plus sévères, avec un spécialiste qui se rend chez les personnes, ou les aide à prendre le métro, ou remonter dans leur voiture. Pour certains cas, il est possible de s'aider de la réalité virtuelle. Une phobie de l'avion ou de la voiture peut être traitée, au moins en partie, avec des exercices de simulation.
Les médicaments avec parcimonie
"On peut faire des choses un peu à distance mais le seul moyen, après avoir identifié s'il n'y a pas une autre pathologie derrière comme une dépression, c'est l'accompagnement progressif", résume le professeur Pelissolo. Les programmes durent plusieurs semaines, trois mois en moyenne. Et le médecin confirme que les résultats sont "bons". Dans son unité, "plus de la moitié des phobies sont vraiment bien améliorées avec ces méthodes".
Quid de l'utilisation de médicaments ? Cela dépend, mais la parcimonie est de rigueur. "Tous les phobiques ne sont pas anxieux. Le traitement de fond ne peut donc pas être un médicament", explique Antoine Pelissolo. "En revanche, en cas d'attaques de panique, on peut les bloquer avec des anti-dépresseurs. La phobie sociale, qui est constante, peut être réduite aussi avec ces traitements. Mais toujours avec une thérapie en plus." En cas de peur phobique, le plus simple est de se tourner directement vers un psychologue.