"Tout s’est bien passé", a assuré Jean-Yves Le Borgne, vice-bâtonnier de l’ordre des avocats de Paris et auteur de La garde à vue, un résidu de barbarie, lundi matin sur Europe 1. La mise en œuvre de la réforme de la garde à vue, avec la présence accrue de l'avocat lors des interrogatoires, s’est globalement bien déroulée. Sauf dans les Deux-Sèvres où le bâtonnier de l'ordre des avocats a refusé d'appliquer les nouvelles règles.
En région parisienne, la préfecture de police (PP) a annoncé dimanche que depuis l'entrée en vigueur de la garde à vue "nouvelle formule" vendredi après-midi les avocats de Paris et sa petite couronne s'étaient déplacés dans environ 20% des cas pour assister aux interrogatoires de leurs clients.
Consultations de la hotline
En Seine-Saint-Denis, les avocats se sont mis en grève le 11 avril, notamment au sujet de leurs rémunérations dans le cadre de l'aide juridictionnelle destinée aux plus pauvres. Ils manquaient donc à l'appel pour répondre aux besoins des policiers depuis vendredi.
La préfecture de police avait ouvert vendredi une "hotline" et un service intranet "Garde à vue assistance" pour répondre aux questions concrètes de procédure des officiers de police judiciaire à Paris et dans ses trois départements limitrophes. La PP a fait état dimanche de "87 consultations téléphoniques et de 4.000 clics recensés sur le site" intranet depuis vendredi.
"On fait du bricolage"
"Ca fait maintenant quinze jours qu’on savait que ce dispositif pouvait tomber, donc tout le monde s’était documenté", a précisé Nicolas Comte, secrétaire général de l’Unité Police SGP FO, le premier syndicat policier, interrogé sur Europe 1. "On n’a pas eu de remontée de procédures qui auraient été ratées", a-t-il ajouté.
"Il n'y a eu aucun grippage dans la machine", s'est-on aussi félicité au commissariat central de Marseille. Mais à Lens, "on se débrouille, on fait du bricolage", a déploré un policier. De même à Bordeaux, où les policiers "sont assez stressés car la réforme est lourde et nous n'avons ni les moyens ni le temps de l'appliquer, cela va être tendu", a prévenu Aymed Korbosli, du syndicat SGP-FO.
"Maintenant on entre dans le fond du problème logistique et matériel", a résumé Arnaud Verhille, commissaire à la direction de la sécurité de proximité de l'agglomération parisienne (DSPAP), en écho aux récriminations des policiers, notamment l'inadaptation de leurs locaux pour les auditions. Des avocats s'inquiètent aussi de leurs rémunérations pour ces interventions à rallonge. Il y a eu en France 800.000 mesures de gardes à vue en 2009 et l'objectif est de revenir à 500.000 par an.