La roue serait-elle en train de tourner pour le "roi des forains" ? Lundi et mardi, les automobilistes franciliens ont vu certains de leurs itinéraires perturbés, en raison des blocages des forains pour protester contre le non-renouvellement du marché de Noël sur les Champs-Élysées cette année. Une fronde menée par le forain Marcel Campion, en guerre contre ceux qui l’empêchent de commercer sur la plus célèbre avenue du monde. Qui est ce personnage haut en couleur, hâbleur et très respecté de sa corporation ?
Un "roi des forains" respecté
Depuis soixante ans qu'il est dans le secteur, Marcel Campion a su se faire un nom chez les forains, qui le soutiennent aujourd’hui sans faille dans son combat pour qu’il y ait cette année un marché de Noël sur les Champs-Élysées, comme c'est le cas depuis 2008. "En cas de coup dur, je peux mobiliser plus de 3000 personnes", assurait il y a peu le "Roi des forains" au Parisien. Les blocages de lundi et mardi montrent qu’il ne s’agit pas de paroles en l’air : cette mobilisation a provoqué au moins 480 kms de bouchons en Ile-de-France. "C’est un leader. Pour nous, c’est une référence", louait encore mardi midi sur Europe 1 Eugène Coignoux, président du syndicat professionnels de forains Cid’Europe.
Il a perdu le soutien d’Hidalgo et de l’influence à Paris
Outre la suppression du marché de Noël, contre laquelle ce fils de déporté, puis pupille de la Nation a déposé mardi un référé auprès du tribunal administratif de Paris, Marcel Campion veut que "sa" Grande roue ne quitte pas la place de la Concorde. Sauf que celle-ci, inaugurée pour cette saison vendredi 17 novembre, est de moins en moins en odeur de sainteté chez les défenseurs du patrimoine et à la mairie de Paris, qui ne serait pas forcément contre un déménagement. Deux dossiers qui montrent que l’influence de Marcel Campion est remise en question dans la capitale, où il organise par ailleurs la fête à Neu-Neu et la Foire du Trône. Dernièrement, lui et ses proches ont également protesté contre l’attribution d’un espace de 20 hectares au Jardin d’acclimatation à Bernard Arnault, puissant industriel, par la municipalité d’Anne Hidalgo. Avec la maire de Paris, les relations sont devenues glaciales. Elles ne l’ont pas toujours été : "En 2014, j’ai fait partie du comité de soutien d’Anne Hidalgo. C’est elle qui me l’a demandé. On l’a soutenue à sa demande et aujourd’hui plus rien. Avec tout ce qu’elle fait, un jour, elle proposera une journée à Paris sans Parisiens", raillait-il au Parisien il y a peu. Mardi, il l’a même accusée sur Cnews d’être "dérangée mentalement".
Mais le FN et Philippot l’aiment bien
S’il ne peut plus vraiment compter sur Anne Hidalgo et la municipalité parisienne, Marcel Campion est en revanche très bien vu par l’extrême droite, et réciproquement. Pendant la campagne présidentielle, Marine Le Pen et Florian Philippot se sont affichés à ses côtés dans une fête foraine.
Marcel Campion : "Espérons que Marine Le Pen soit élue présidente" #FoireDuTrônepic.twitter.com/oZVp5pY5kN
— Maxence Lambrecq (@MaxenceLbq) 7 avril 2017
Et le 12 septembre, jour d’une manifestation contre la réforme du Code du travail critiquée par les forains, leur “roi” s’est affiché avec Florian Philippot, qui quittait le Front national dix jours plus tard. Depuis, le leader des Patriotes est resté un fervent soutien de la cause des forains menés par Marcel Campion.
Soutien total aux #forains qui défendent leur métier et le marché de Noël face à une Anne Hidalgo qui n'aime ni les forains ni Noël
— Florian Philippot (@f_philippot) 6 novembre 2017
Un homme en délicatesse avec l’administration fiscale et la justice
Aujourd’hui, Marcel Campion et sa famille sont la cible de neuf contrôles fiscaux, dont six pour lui. En 2011, il disait déjà en avoir subi 28, avec également 40 séjours en garde à vue. Condamné pour avoir injurié Bernard de la Villardière, il a été mis en examen en mai dernier pour recel de favoritisme et abus de biens sociaux dans l’enquête sur les conditions d’attribution d’emplacement de la grande roue à Paris. Quelques mois plus tôt, le septuagénaire avait mis en ligne les images de la perquisition menée par la police à son domicile. "Ils m’ont même cassé quinze caméras. Mais ils n’ont pas trouvé la seizième, alors j’ai pu mettre des images sur YouTube", se vantait-il au Parisien mi-octobre. Reste que Marcel Campion n’apprécie pas vraiment qu’on s’intéresse à ses affaires. En 2011, il promettait ainsi d’accrocher un contrôleur de l’Urssaf "à un croc de boucher", alors que 16 travailleurs au noir avaient été identifiés dans sa société, SARL Loisirs Associés.