À Paris, les trottinettes en libre-service disparaissent des rues

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avec AFP // Crédit photo : MARTIN BUREAU / AFP
À partir du 1er septembre, Paris devient la première capitale européenne à bannir les trottinettes électriques en libre-service. 15.000 engins vont donc disparaître de la capitale. Les opérateurs misent sur un report de leurs clients vers les vélos en libre-service, déjà proposés par chacun, ce qui devrait leur permettre d'éviter, au moins dans l'immédiat, des licenciements. 

Bannies de la capitale française par vote populaire, les trottinettes électriques en libre-service vivent leur dernière journée parisienne jeudi, marquant la fin de cinq ans d'une présence controversée. Mais les vélos en libre-service sont prêts à prendre le relais.

15.000 trottinettes retirées des rues

À partir du 1er septembre, Paris deviendra la première capitale européenne à complètement interdire ces deux-roues en libre-service. De nombreux Parisiens sont devenus excédés de les voir zigzaguer entre les piétons, même bridés à 10 km/h dans certaines zones, ou se garer au milieu des trottoirs. De multiples accidents leur ont été attribués. Les trois opérateurs, Lime, Tier et Dott, ont perdu leur autorisation d'occupation de l'espace public après une "votation" inédite début avril. Le "non" l'avait emporté à près de 90%, mais seulement 7,46% des personnes inscrites sur les listes électorales s'étaient déplacées.

La maire socialiste de Paris, Anne Hidalgo, avait elle-même fait campagne pour le vote "contre" pour réduire "les nuisances". Depuis août, les 15.000 engins ont donc été progressivement retirés des rues - il n'en reste qu'une poignée jeudi dans les rues, principalement au centre de Paris - pour être envoyés, après d'éventuelles réparations, dans d'autres villes. Champs-Elysées, Louvre, rue de Rivoli, Opéra, Grands Boulevards... un journaliste de l'AFP n'a croisé aucun utilisateur de trottinette en libre-service dans la matinée jeudi et aperçu seulement six de ces deux-roues dans ces lieux centraux où ils étaient auparavant omniprésents. Plusieurs des emplacements dédiés aux engins sont vides, ou accueillaient des vélos des trois opérateurs.

Aucune location n'est plus disponible sur les applications de Lime et de Dott, tandis que celle de Tier ne montrait plus en début de matinée qu'une centaine de véhicules sur les 5.000 que comptait l'entreprise allemande. Un tiers de sa flotte restera en Ile-de-France, dans 80 communes autour de Marne-la-Vallée ou Saint-Germain-en-Laye. Le reste part essentiellement en Allemagne. Dott enverra les siennes en Belgique ou à Tel Aviv. Les trottinettes vertes de Lime partiront à Lille, Londres, Copenhague ou encore plusieurs villes allemandes.

"Nous avons tourné la page trottinettes" pour toute l'Ile-de-France, explique à l'AFP Xavier Miraillès, directeur des affaires publiques de Lime, entreprise californienne. "Ça me rend triste parce que je trouve ça tellement agréable de pouvoir se balader comme ça, de naviguer de droite à gauche sans ce stress d'être en voiture, d'être bloqué", affirmait, quelques jours avant le ban, Valérie Rinckel, une usagère du service.

À l'inverse, "je pense que c'est plus sécuritaire qu'on s'arrête là et que finalement on repasse sur du vélo ou que les gens prennent le bus ou les transports en commun", estimait Anass Eloula, un autre client.

Les opérateurs misent sur un report vers les vélos en libre-service

Les opérateurs misent sur un report de leurs clients vers les vélos en libre-service, déjà proposés par chacun, ce qui devrait leur permettre d'éviter, au moins dans l'immédiat, des licenciements. "C'est une grosse page qui se tourne pour Tier mais on préfère, plutôt que de céder à la nostalgie, regarder devant", indique Clément Pette, responsable des opérations de l'entreprise en France, renvoyant vers les 5.000 vélos encore disponibles. "Le développement du vélo est en pleine croissance" avec "des perspectives (...) très intéressantes", confirme M. Miraillès, de Lime, qui propose 10.000 vélos. Mais tout le monde n'est pas prêt à passer au vélo.

Pour les touristes, "ce n'est pas la même chose, c'est plus grand et lourd... c'est pas si agile", déplore Amanda Rollins, influenceuse américaine aux 740.000 abonnés sur TikTok, et grande amatrice des trottinettes. Certains utilisateurs réguliers pourraient opter pour l'achat ou une offre alternative de location à la journée, demi-journée ou semaine, comme celle annoncée mercredi par le distributeur de motos, scooters et trottinettes électriques Volt.

"C'est pas du tout du libre-service", assure Grégory Coillot, fondateur de l'entreprise, à l'AFP. La société, qui a lancé l'idée avant le vote parisien, veut proposer "à ceux qui utilisaient au quotidien" les trottinettes en libre-service, et "même aux touristes", d'en louer - "aussi en vue des Jeux olympiques". "L'arrêt du 'free-floating' va accélérer fortement la demande de location", estime-t-il, désirant s'implanter avec 1.000 à 2.000 trottinettes au total surtout "sur tous les points cruciaux où il y avait cette demande très importante" en libre-service.