Être puni pour aider. C'est ce que dénoncent vendredi une centaine d'organisations syndicales et associatives qui ont ont signé un manifeste "pour en finir avec le délit de solidarité" et dénoncer "la recrudescence des poursuites" envers les personnes venant en aide aux migrants.
"Délinquants solidaires". "Si la solidarité avec les étrangers est un délit, alors nous sommes tous délinquants", pose en exergue ce manifeste intitulé "Délinquants solidaires" et ouvert aux signatures. "Avec l'instauration de l'état d'urgence, et dans le contexte baptisé 'crise migratoire', on assiste à une recrudescence de poursuites visant à empêcher l'expression de la solidarité envers migrants, réfugiés, Roms, sans-papiers...", affirme le manifeste, signé par des acteurs de l'aide aux migrants comme le Secours catholique, Emmaüs France, le Gisti, la Cimade, la LDH (Ligue des droits de l'Homme) ou encore la Fondation Abbé Pierre.
"Au-delà, c'est le soutien à l'ensemble des personnes étrangères qui tend à devenir suspect" tandis que la contestation des politiques menées "est assimilée à de la rébellion et au trouble à l'ordre public", ajoute ce texte qui a aussi reçu la signature d'organisations syndicales comme le Syndicat de la Magistrature et l'Union syndicale Solidaires.
"C'est l'avenir de la solidarité qui est en jeu". Ce manifeste est publié alors que plusieurs personnes sont dans le collimateur de la justice ou de la police. Le plus emblématique, l'agriculteur Cédric Herrou, contre qui le procureur de Nice a requis huis mois de prison avec sursis, attend son jugement le 10 février. Quatre membres du collectif Roya Citoyenne ont été interpellés il y a une semaine dans la vallée de la Roya en compagnie de plusieurs migrants.
Les signataires déplorent que "des poursuites ont commencé d'être menées sur la base de textes sans rapport avec l'immigration" telles que le délit "d'outrage, d'injure et de diffamation", celui "d'entrave à la circulation d'un aéronef" , mais aussi la réglementation en matière d'urbanisme, "des textes sur l'hygiène ou la sécurité", ou encore "le délit de faux et d'usage de faux".
"Ces procédés d'intimidation doivent cesser", soulignent les signataires, qui affirment "la légitimité du droit de regard des citoyens et des citoyennes sur les pratiques de l'administration, de la justice ou de la police". "C'est l'avenir du principe même de solidarité qui est en jeu", ajoutent les associations qui appellent à une journée d'action le 9 février, veille du jugement de Cédric Herrou.