L'événement est de taille pour l'Académie Française. Une commission composée de deux hommes - Gabriel De Broglie et Michael Edwards - et de deux femmes - Danielle Sallenave et Dominique Bona - présente jeudi son rapport sur la féminisation des noms de métiers, grades et fonctions. Un changement radical pour l'institution créée en 1634, après des années d'opposition, avant un vote dans les prochains jours.
Un malaise au quotidien. Jusqu'à présent, les 36 académiciens (31 hommes et 5 femmes) freinaient des quatre fers sur ce sujet hautement sensible, comme ils l'avaient fait sur l'écriture inclusive. Mais tout a changé quand des femmes ont écrit aux Immortels pour leur décrire le malaise qu'elles vivaient au quotidien : faut-il se nommer écrivain ou écrivaine lorsqu'on fait de l'écriture son métier ? Est-on un entrepreneur ou une entrepreneuse quand on dirige une société ?
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En guise de réponse, les Immortels ont choisi non pas d'édicter de nouvelles règles, mais d'observer si la féminisation des métiers était entré dans les usages à la fois dans la littérature, à l'université, dans les médias et même dans la langue de tous les jours. La conclusion s'est imposée à eux : la féminisation a bel et bien progressé.
"Formidable esprit d'ouverture". "L'Académie montre un formidable esprit d'ouverture", vante Dominique Bona, académicienne et auteure du rapport. "C'est important car jusqu'à présent l'Académie était quand même un peu sourcilleuse. Là, elle va tolérer les féminins qui ont très longtemps été interdits."
À partir de maintenant, disent en substance les Immortels dans ce rapport, c'est aux femmes de choisir d'être un colonel ou une colonelle, un rabbin ou une rabbine, une auteure ou une autrice. Un terme pourtant condamné par l'Académie française au 17ème siècle.
Les Français divisés sur la question ? Comment ce changement est-il accueilli par la population ? "C'est plutôt une bonne idée de donner un titre qui différencie le masculin du féminin pour mettre en relief le féminin, trop assimilé au masculin en général", estime ainsi un Parisien, interrogé par Europe 1. "Je ne suis pas trop pour la distinction des sexes donc féminiser un terme me dérange", oppose une femme qui indique pourtant être… consultante. Preuve que tout le monde n'est pas (encore) convaincu sur ces nouveaux mots au féminin.