Entre 100 et 200 "gilets jaunes" décidés à "faire la fête" lundi soir à Bordeaux, ont occupé pendant moins de deux heures la voie menant au pont d'Aquitaine avant d'être délogés par les forces de l'ordre.
Vers 21h30, CRS et gendarmes mobiles, postés en très grand nombre dans le secteur, ont fait usage de canons à eau, chargeant régulièrement, pour faire partir les manifestants dont le nombre s'amenuisait au fil de l'intervention, une partie préférant s'éloigner d'eux-mêmes. Des groupes sont restés pendant un temps à traîner sur un parking voisin, lieu de rassemblement initial, certains parlaient aux forces de l'ordre, avant que les groupes ne s'effilochent.
"Le pont est à nous". En début de soirée, peu avant 20h, dans une ambiance bon enfant, les "gilets jaunes" s'étaient installés sur une voie de l'artère, ne laissant passer les voitures que dans le sens Bordeaux-Paris. Ils saluaient de la main les nombreux automobilistes qui klaxonnaient, en apparent signe de soutien, avant que la circulation ne se raréfie puis ne s'arrête, avec la mise en place d'une déviation décidée par la préfecture. "Le pont est à nous, le pont est à nous", ont scandé quelques manifestants. Certains ont commencé à installer une table pliante, d'autres discutaient un verre à la main, un autre allumait une enceinte portative pour écouter de la musique.
Un mouvement très suivi à Bordeaux. Les "gilets jaunes" de Bordeaux, où le mouvement est toujours très suivi, avaient appelé à "faire la fête" sur le pont d'Aquitaine pour le réveillon, promettant barbecues et feux d'artifice. 1400 personnes avaient annoncé leur participation sur Facebook. "On fait ça pour que Macron ne nous oublie pas et lui montrer qu'on sera là en 2019", a indiqué Cyrille Pionneau, 49 ans, de Bordeaux.
Des "gilets jaunes" sceptiques quant aux déclarations du chef de l'État. À 20h très rares étaient les "gilets jaunes" à suivre le discours du Président. Beaucoup restaient assis sur les bas-côtés de la rocade, discutant ou filmant leurs amis. Pour Rabah, 52 ans, chef d'équipe dans le bâtiment à Bordeaux, qui l'a écouté, "franchement, il est sourd, il ne montre aucun signe d'apaisement, les gens vont continuer de plus belle". Pour éviter "tout dérapage et trouble à l'ordre public", le préfet de Gironde avait annoncé un renforcement des effectifs de sécurité.