Quelque 150 militants associatifs et migrants se sont rassemblés dimanche à Calais pour dénoncer "le durcissement de la politique répressive", la "maltraitance institutionnelle" et les "violences policières" dont sont "victimes", selon eux, les demandeurs d'asile, a constaté un journaliste de l'AFP.
Une quarantaine de migrants. Brandissant des drapeaux arc-en-ciel, symboles de paix, ou des banderoles "Welcome réfugiés", les manifestants ont rejoint à 14 heures la place d'Armes, à Calais et pris la parole tour à tour, dans le calme. Parmi eux, se trouvaient une quarantaine de migrants notamment érythréens, éthiopiens ou iraniens. Tous répondaient à l'invitation du collectif "Appel d'air", créé il y a un mois suite au démantèlement de l'un des derniers campements de migrants du Calaisis, dans la zone industrielle des Dunes.
"A Calais, la politique envers les personnes exilées s'est durcie depuis un mois, avec un harcèlement soutenu et des violences policières accrues, ainsi que des expulsions quotidiennes. Les communautés sont chassées (...) les tentes jetées à l'eau, saisies, détruites et les associations déplorent plusieurs blessés graves suite à ces opérations policières", avait dénoncé ce collectif dans son appel à manifester. Le collectif regrette aussi "le règlement Dublin III (texte décrié qui définit quel pays est responsable du traitement d'une demande d'asile ndlr) et son absurdité administrative, les aménagements urbains 'antimigrants', clôtures, murs et barbelés" installés autour de Calais et la "maltraitance institutionnelle et étatique", qui pousse, selon lui, les migrants à "se mettre toujours plus en danger pour passer la frontière".
"Je continue de tenter de passer". "Nous voulons montrer la violence" faite aux exilés, "nous qui sommes dublinés et aujourd'hui bloqués à Calais", sans possibilité de rejoindre le Royaume-Uni, a expliqué à l'AFP Sherifo, un Érythréen de 26 ans "bloqué" depuis sept mois à Calais après être passé par l'Italie. "Je ne veux pas tenter d'aller clandestinement en Angleterre en bateau, c'est trop cher et trop dangereux, je continue de tenter de passer en camion, mais sans succès", a-t-il dit. "Le Brexit ne nous empêchera pas de passer mais la frontière est devenue meurtrière et on veut que l'Europe nous accueille, nous donne des papiers et du travail", a aussi déclaré Abe, également Érythréen.
Début mars, "une centaine de personnes se sont organisées pour tenter le passage en Angleterre de façon collective à bord d'un ferry. Le 9 mars, une personne âgée de 20 ans est décédée dans un camion de marchandises", a aussi indiqué le collectif dans son communiqué.