Le pape, critiqué pour avoir récemment refusé la démission proposée par le cardinal français Philippe Barbarin, a insisté dimanche sur la règle juridique universelle de "la présomption d'innocence", dans l'avion qui le ramenait du Maroc. Le prélat a été condamné le 7 mars à six mois de prison avec sursis pour ne pas avoir dénoncé les abus sexuels d'un prêtre de son diocèse.
Indignation chez les victimes. Au lendemain d'une audience avec le pape au Vatican, le prélat français avait annoncé le 19 mars que sa démission avait été refusée dans l'attente du résultat de son procès en appel. Le cardinal de 68 ans reste pour l'instant archevêque de Lyon, mais il s'est mis "en retrait", laissant la conduite du diocèse au vicaire général. Le Vatican avait confirmé sans toutefois en détailler les motifs, alors que cette annonce avait provoqué l'indignation des victimes de pédophilie dans le diocèse de Lyon.
"On verra ce qui se passera". "Le cardinal Barbarin, un homme d'Eglise, a présenté sa démission. Moi, je ne peux pas moralement l'accepter car juridiquement, aussi dans la jurisprudence mondiale classique, il y a la présomption d'innocence tant que le cas est ouvert. Il a fait un recours, et le cas est ouvert", a commenté le pape, interrogé par un journaliste français sur sa décision. "Quand le second tribunal délivrera une sentence, on verra ce qui se passera", a poursuivi le pape en s'opposant à "une condamnation médiatique superficielle". "Peut-être n'est-il pas innocent, mais il faut présumer qu'il l'est", a ajouté le souverain pontife.
Le cardinal Barbarin "a préféré, honnêtement, dire 'je me retire, je prends un congé volontaire et je laisse le vicaire général gérer le diocèse jusqu'à la fin du procès'", a expliqué le pape. Réputé proche de Mgr Barbarin, le pape argentin a longtemps pris personnellement la défense du cardinal français. Lorsque l'affaire avait éclaté en 2016, il avait déjà rejeté une démission du prélat, jugeant qu'elle serait "un contresens, une imprudence", avant l'issue de son procès.