La France déclenchera "la semaine prochaine" une clause de sauvegarde pour interdire l'usage d'un insecticide contesté, le diméthoate, surtout utilisé sur les cerisiers, a annoncé vendredi le ministère de l'Agriculture. Cette interdiction s'étendra à l'importation de fruits en provenance des pays utilisant toujours cette molécule, a précisé le ministère.
La France défendait un retrait général du diméthoate au sein de l'UE et avait déjà ordonné le retrait le 1er février du dernier produit contenant cette molécule, sur avis de l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses). Le ministre Stéphane Le Foll avait saisi fin mars la Commission européenne pour demander l'interdiction immédiate de cette molécule au sein de l'Union et espérait voir ce choix validé et étendu à l'ensemble de l'UE, afin d'éviter toute distorsion de concurrence entre producteurs européens.
Décision partagée par l'Italie et l'Espagne. Face à cette demande, la Commission a saisi l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), qui avait alors constaté "l'absence de données" concernant les effets de cette molécule sur la santé des consommateurs. Les discussions avec les autres Etats n'ayant pas permis de dégager une décision, la France confirme vendredi qu'elle ne délivrera "aucune dérogation" aux producteurs pour l'utilisation du diméthoate sur les cerises. L'Italie et l'Espagne ont fait de même, précise le ministère qui entend, par la clause de sauvegarde nationale, "interdire la commercialisation en France de cerises provenant de pays utilisant le diméthoate afin de protéger les consommateurs".
"Il y avait urgence". "L'arrêté sera pris la semaine prochaine" a précisé l'entourage de Stéphane Le Foll, qui recevra mardi au ministère les représentants des producteurs pour évoquer avec eux des "mesures concrètes de protection" alternatives. "Il y a avait urgence, la campagne commence dans quinze jours", indique-t-on.
Les producteurs de cerises inquiets. Les producteurs de cerises français se sont inquiétés de voir le diméthoate retiré du marché français, "seule méthode efficace" selon eux, pour protéger les cerisiers d'un moucheron particulièrement agressif, la Drosophila Suzukii. Certains oléiculteurs du sud de la France ont également recours à ce produit contre la "mouche de l'olive" qui attaque le fruit déjà formé. Le dernier recours à une clause de sauvegarde par la France remonte à 2012 et visait l'insecticide Cruiser, jugé dangereux pour les abeilles.