Climat : pour la quatrième année consécutive, un hiver toujours trop chaud en France

Le mois de février 2024 est le deuxième mois de février le plus chaud de l'histoire après 1990 (+4 degrés) - Illustration.
Le mois de février 2024 est le deuxième mois de février le plus chaud de l'histoire après 1990 (+4 degrés) - Illustration. © ANTOINE BOUREAU / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP
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avec AFP / Crédits photo : ANTOINE BOUREAU / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP
L'hiver 2023-2024 est le troisième le plus chaud jamais mesuré en France, annonce Météo France ce jeudi. Entre début décembre et fin février, période traditionnellement la plus froide de l'année, le mercure devrait dépasser "d'environ 2 degrés" les normales de la période 1991-2020, derrière les hivers 2020 et 2016.

De la pluie quasi-partout, mais des températures souvent printanières avant l'heure : après un automne record, l'hiver 2023-2024 est le troisième le plus chaud jamais mesuré en France et se conclut par un mois de février excessivement doux, nouveau signe du réchauffement climatique. Entre début décembre et fin février, période traditionnellement la plus froide de l'année, le mercure devrait dépasser "d'environ 2 degrés" les normales de la période 1991-2020, derrière les hivers 2020 (+2,3 degrés) et 2016 (+2,1 degrés), a annoncé jeudi Météo France.

En 2021, 2022 et 2023, les températures hivernales avaient déjà été supérieures aux normales. Avec une anomalie thermique de +3,6 degrés, février 2024 est lui le deuxième mois de février le plus chaud de l'histoire après 1990 (+4 degrés). C'est aussi le 25e mois d'affilée à ne pas passer sous les normales.

Hivers toujours plus courts

Ces chiffres sont d'autant plus notables que les normales actuelles sont calculées à partir des températures des trois décennies précédentes, elles-mêmes déjà plus chaudes que le climat de l'ère préindustrielle. À l'échelle de la planète aussi, le thermomètre n'en finit pas de battre des records : janvier a ainsi été le huitième mois d'affilée à être le plus chaud jamais enregistré dans le monde, selon l'observatoire européen Copernicus.

Pour Météo France, cette "hausse des températures, conséquence du changement climatique, entraîne un raccourcissement de la saison hivernale". "Nos hivers sont moins froids qu'auparavant, les gelées durables et la neige en plaine deviennent de plus en plus rares", souligne l'organisme de prévisions météorologiques dans un communiqué.

La période du 7 au 20 janvier, le seul épisode véritablement hivernal

Signe emblématique : depuis début décembre, seule la période du 7 au 20 janvier a été caractérisée par un épisode véritablement hivernal, qui paradoxalement a un peu surpris tout le monde après un début d'hiver assez doux. Des températures glaciales avaient touché le nord de la France (-14,7 degrés relevés à Arras par exemple) et la neige, tombée en plaine, avait très fortement perturbé la circulation à plusieurs endroits.

Mais depuis le 23 janvier, le thermomètre est reparti à la hausse. Des pics de douceur ont été atteint avec des températures moyennes plus de 6°C au-dessus des normales. La barre des 25 degrés (seuil de chaleur) a été franchie le jeudi 25 janvier, dans les Pyrénées-Orientales et dans l'Hérault.

Selon la Chaine Météo, jamais depuis 1930 une première quinzaine de février n'avait été aussi chaude. Cette séquence de douceur s'est poursuivie jusqu'au 22 février. L'hiver 2023-24 a été le plus chaud jamais enregistré en Alsace depuis 1947 et en Corse il se classe ex-aequo avec l'hiver 2020, indique Météo France

De la pluie mais pas de neige

Malgré tout, dans certaines parties du pays, notamment au nord, c'est tout de même l'impression d'un "hiver pourri" qui domine dans beaucoup d'esprits. La faute à un manque de soleil marqué et à des séquences de pluies marquées et persistantes dans certaines régions. Le Pas-de-Calais a ainsi été frappé par plusieurs inondations majeures, et la région PACA a aussi connu deux épisodes de précipitations intenses en février.

Sur l'ensemble de l'hiver, la France a enregistré un excédent de pluie d'environ 10% en moyenne. Une relative bonne nouvelle pour les nappes phréatiques, dont la situation reste néanmoins précaire, après de longs mois de sécheresse quasi-ininterrompue. Dans certaines régions, elle reste même dramatique. Ainsi, les Pyrénées Orientales et l'ensemble de la région Languedoc-Roussillon, qui enregistrent leur troisième hiver fortement déficitaire en termes de précipitations, ainsi que la Corse n'ont quasiment pas vu une goutte de pluie tomber cet hiver. À l'inverse, l'excédent de pluies dépasse les 20% en Ile-de-France et les Hauts-de-France. A Dunkerque et à Nice, il est même supérieur à 50%.

Coté soleil, les régions du centre-Ouest au bassin parisien et aux Ardennes font grise mine. Le déficit d'ensoleillement y a atteint les 10 à 30%. L'hiver a enfin été marqué par un manque de neige et très peu de gelées en plaine. Les flocons ont été quasi-absents en basse et moyenne montagne (Vosges, Jura, Massif central, Corse et Pyrénées). Dans les Alpes, l'enneigement a aussi été déficitaire à basse altitude mais excédentaire en haute montagne, note Météo France qui y voit "une conséquence directe du changement climatique".