Les manèges de fêtes foraines sont souvent associés au plaisir des sensations fortes. Mais ils peuvent également être source de frayeur que cela a été le cas pour la jeune fille qui s'est retrouvée pendue par les pieds à une nacelle de balançoire géante à la Foire du Trône lundi. L'incident a été spectaculaire mais la jeune fille en a réchappé sans blessure. Néanmoins la question de la sécurité des usagers dans les manèges se pose une nouvelle fois.
Seules dix sociétés agréées pour effectuer ces contrôles. C'est le ministère de l'Intérieur qui décerne à une poignée de sociétés spécialisées l'agrément pour effectuer les contrôles sur les manèges de fêtes foraines. Elles étaient au nombre de dix en 2015. Les parcs d'attractions, quant à eux, ont un système de contrôle interne. Chaque bureau de contrôle est assigné à un secteur géographique de manière à quadriller l'ensemble du territoire. Pour recevoir ce fameux sésame, des représentants des bureaux doivent comparaître régulièrement devant une commission composée de fonctionnaires du ministère de l'Intérieur et de représentants des forains.
"Les critères d'attribution des agréments sont de plus en plus draconiens", reconnaît Christophe Cuvelier, gérant de l'un de ces bureaux de contrôle, le Centre technique Delinselle. "Le ministère de l'Intérieur demande par exemple de prouver que les contrôles ont bien été effectués dans les règles de l'art." En effet depuis l'accident dans une chenille qui a coûté la vie à Maeva, 13 ans, en 2014, ces vérifications ont été renforcées.
Des vérifications selon des critères précis. Et ces inspections interviennent à plusieurs moments "comme pour les contrôles techniques automobiles", explique le spécialiste. Le premier survient lors de la réception du "métier forain" (autrement dit le manège) par le propriétaire, avant qu'il ne soit mis en exploitation. Par la suite, des contrôles annuels ou triennaux sont effectués, cahier des charges à l'appui, pour vérifier notamment l'état de conservation électrique, hydraulique et de sécurité du manège.
Dans une fête foraine, tout est passé au crible : de la machine à barbe à papa aux montagnes russes en passant par la pêche au canard, selon l'arrêté ministériel qui fixe les règles de contrôle de 2009. "On commence par une vérification administrative, puis celle de la certification de conformité, le carnet de maintenance et le carnet technique", détaille Christophe Cuvelier. Les contrôleurs vérifient également la solidité des points d'accrochages pour assurer la sécurité des usagers.
Des sanctions immédiates. Et si tous les éléments du manège ne sont pas satisfaisants, le contrôleur peut demander à ce que des réparations soient effectuées avant l'ouverture au public. "Cela m'est déjà arrivé par rapport à l'état de conservation des structures qui étaient défaillantes ou des pièces qui s'étaient érodées avec le temps", assure le gérant du Centre technique Delinselle.
Plusieurs acteurs sont responsables de la sécurité. Malgré ces contrôles, le bureau n'est pas le seul garant de la sécurité des usagers. Les constructeurs, les forains et les mairies ont également leur part de responsabilité. Le forain doit respecter les règles d'entretien et de maintenance de son manège. "Comme c'est leur gagne-pain, ils sont très respectueux et attentifs à la sécurité", assure le contrôleur technique.
Quant à la mairie, elle est chargée de faire vérifier que l'installation a été faite dans les règles. Mais les villes font rarement appel aux bureaux de contrôle pour cette tâche. "On a du mal à se faire entendre et je le regrette", concède Christophe Cuvelier. Ils privilégient des représentants de leur administration qui ne sont pas toujours qualifiés. C'est pourquoi le ministère de l'Intérieur a adressé au mairies en 2016 un guide de bonnes pratiques à respecter.
Un risque limité. Mais un critère reste difficile à anticiper : le comportement des usagers. D'après la Commission de la sécurité des consommateurs, un peu moins d'une centaine d'accidents (mortels ou non) par an surviennent dans des manèges, dont la première source est le comportement des usagers. Car malgré toutes ces précautions, le risque zéro n'existe pas. "La sécurité absolue est difficile à garantir et les problèmes de comportement génèrent souvent l'accidentologie", reconnaît le contrôleur.
D'ailleurs concernant l'accident de la Foire du Trône dimanche, la mairie de Paris a assuré que "le manège respectait les normes de sécurité en vigueur et que les contrôles techniques avaient été effectués dans les formes", rapporte Le Parisien lundi. La thèse de l'erreur humaine est donc privilégiée, qu'elle incombe aux forains ou à la passagère. Malgré plusieurs accidents tragiques ces dernières années, cela reste l'exception. "Par rapport au nombre de tickets distribués, cela reste rare", affirme Christophe Cuvelier.