"Nous sommes presque au bout du chemin et sans doute au début d'un autre", a déclaré samedi vers midi Laurent Fabius, au bord des larmes, en présentant le projet d'accord mondial sur le climat sur lequel se sont mis d'accord les négociants de la COP21. Le président de la Conférence a salué un accord "juste, durable, dynamique, équilibré et juridiquement contraignant". Il a été voté par les 195 pays membres de la COP, en début de soirée.
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Ce que l'on sait du texte. Le texte entérine l'objectif de contenir le réchauffement "bien en deçà de 2°" et "s'efforce de le limiter à 1,5°" par rapport à l'ère préindustrielle d'il y a 150 ans, a déclaré Laurent Fabius. Un chiffre réclamé notamment par les Etats insulaires, menacés par les eaux. Pour y parvenir, les pays riches devront mettre la main au porte-monnaie : un fonds de 100 milliards de dollars annuels devra être mis en place pour aider les pays en développement à assurer leur transition. Ce montant devra "être un plancher", susceptible d'être réévalué, une exigence de longue date des pays du Sud.
L'émotion de Laurent Fabius lors de la...par LeLab_E1
Ce pacte, qui entrera en vigueur en 2020, doit permettre de réorienter l'économie mondiale vers un modèle à bas carbone. Une telle révolution implique un abandon progressif des ressources fossiles (charbon, pétrole, gaz), qui dominent largement la production énergétique mondiale, un essor des énergies renouvelables, des économies d'énergies ou encore une protection accrue des forêts. Des engagements, notamment financiers, concernant la période avant 2020 sont prévus. Ils devront aussi être formellement adoptés lors de la séance plénière samedi. Et surtout, l'accord doit mettre sur pied un mécanisme permettant de réviser régulièrement à la hausse les objectifs de réductions de CO2, tous les cinq ans.
Une formulation encore floue. L'objectif paraît ambitieux : à l'heure actuelle, si rien ne bouge dans les engagements déjà proposés par les pays, la température augmentera de 3 degrés par rapport à l'ère prè-industrielle. Loin du 1,5 prévu par l'accord. Or, le texte ne prévoit pas d'objectif chiffré de réduction de CO2 pays par pays. Les pays ont simplement obligation de revoir les objectifs à la hausse tous les cinq ans. Or, pour l'heure, les engagements chiffrés actuels permettent tout juste de limiter la hausse à trois degrés. En outre, le fonds de 100 milliards a été supprimé du corps du texte principal, n'étant relégué qu'au rang des "annexes". "Cela reste un consensus fragile pour protéger les plus vulnérables", a ainsi regretté le collectif Action contre la faim, dans un communiqué.
"La roue a tourné". Il n'empêche, l'accord n'en représente pas moins un pas en avant pour un certain nombre d'écologistes. "La roue de l'action tourne lentement mais à Paris, elle a tourné. Le texte place clairement l'industrie des énergies fossiles du mauvais côté de l'Histoire", a ainsi déclaré lors d'une conférence de presse le directeur de Greenpeace International, Kumi Naidoo. "Je suis satisfait de l'architecture de l'accord. L'ambition est difficile à atteindre. Mais ce qui est important, c'est qu'il s'agit d'un accord universel. Tous les pays ont apporté leur contribution. Il contient la possibilité d'y apporter des révisions, et également des engagements pour la période avant 2020", a également salué le climatologue Jean Jouzel, au micro d'Europe 1. Sous l'effet des Gaz à effets de Serre, le monde a déjà gagné 1°C depuis 150 ans. C'est donc bien "avant 2020" qu'il faut agir pour tenir l'engagement d'une hausse de 1,5 degré.