Trente-six prévenus dont une ex-enseignante, principale suspecte : le procès du volet marseillais de l'"escroquerie du siècle" sur le marché des droits à polluer, le plus spectaculaire avec 385 millions d'euros éludés au fisc français, a débuté lundi à Paris.
Huit prévenus font l'objet de mandats d'arrêt. Sous les dorures d'apparat de la première chambre de la cour d'appel, réquisitionnée en raison de sa taille, la présidente de la 32ème chambre correctionnelle a commencé à lire la longue liste des faits reprochés aux prévenus, dont huit font l'objet de mandats d'arrêt.
Un "trader" et une gérante d'un piano-bar. Deux détenus comparaissent, encadrés par des gendarmes : Christiane Melgrani, lunettes et boucles brunes, ex-enseignante marseillaise devenue gérante d'un piano-bar, puis employée d'une société de bâtiment et considérée, à 59 ans, comme "l'une des actrices principales" de la fraude ; et le financier Gérard Chetrit, petit homme brun de 48 ans, qui a reconnu avoir joué le rôle de "trader". On croise dans les méandres de cette arnaque nouée dans la région de Marseille en 2008-2009 une serveuse, des retraités, un promoteur... Ils sont soupçonnés à divers degrés d'avoir participé au détournement du magot, ou à son blanchiment, en se faisant investisseurs, gérants de paille ou encore traders.
Une combine plutôt simple. "L'escroquerie du siècle", qui s'est pratiquée sur ce marché en 2008-2009, a coûté au total 1,6 milliard d'euros au fisc. Devant l'ampleur de la fraude, les opérations avaient fini par être exonérées de TVA en France en juin 2009. La combine était simple : acheter des droits à polluer hors taxe dans un pays européen, les revendre en France à un prix incluant la TVA, puis investir les fonds dans une nouvelle opération sans jamais reverser la TVA à l'État. Le procès doit durer jusqu'à fin mars.