C'est un message politique fort à destination des catholiques de France. Le président Emmanuel Macron doit assister samedi à la grande messe du pape François au stade Vélodrome de Marseille, a confirmé jeudi dernier l'Élysée. Une présence qui fait bondir les élus de La France insoumise, à l'instar de Bastien Lachaud, député de Seine-Saint-Denis qui estime que cela "foule les principes fondateurs de la laïcité inscrits dans la loi de 1905" en référence à la séparation entre l'Église et l'État.
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Face à cette remarque, l'entourage du président a tenu à préciser les contours de ce déplacement qui fait polémique. La loi de 1905 n'exclut "absolument pas que la République entretienne des relations" avec "tous les cultes", explique les proches du chef de l'État. Également, Emmanuel Macron ne participera pas "à l'eucharistie", c'est-à-dire au sacrement de la communion, lors duquel le fidèle reçoit l'hostie.
Une rencontre entre deux chefs d'État
Pour Jean Garrigues, historien et politologue, dire que ce déplacement enfreint les règles de la laïcité "est une absurdité". "La plupart des chefs d'État de la Ve République étaient croyants, voire pratiquants, et ils allaient souvent à la messe. Certes, il s'agissait de messes qui n'avaient pas de caractère officiel, mais ils n'ont pas hésité à affirmer leur croyance", note l'universitaire auprès d'Europe 1, évoquant les exemples de Charles de Gaulle, Jacques Chirac, Valéry Giscard d'Estaing ou encore de François Mitterrand.
"Le fait qu'il y ait cette rencontre, même autour d'une messe, entre le chef de l'État français et le pape, qui est en même temps le chef d'État du Vatican, ne met pas en péril la laïcité", poursuit Jean Garrigues, "cela fait partie d'un acte diplomatique". En réalité, la loi de 1905 ne serait pas respectée si le président "manifestait un engagement religieux dans l'exercice de ses fonctions", précise Jean Garrigues. Ce qui, selon le communiqué de l'Élysée, ne devrait pas être le cas ce samedi.
La loi de 1905 "ne prohibe pas les relations de courtoisie entre État et cultes"
"En ce qui concerne la pratique française et le droit français, Emmanuel Macron, comme ses prédécesseurs, se trouve être dans la conformité à ce qu'exige le régime des cultes en France", enchaîne Philippe Portier, directeur d'études à l'École pratique des hautes études auprès d'Europe 1. Cette rencontre "ne contrevient pas à la loi de séparation", souligne-t-il, puisque cette loi "ne prohibe nullement des relations de courtoisie, de civilité entre l'État et les cultes".
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Le directeur d'études s'appuie d'ailleurs sur l'exemple de la loi séparatisme de 2021 : "Deux amendements ont été déposés - un par des élus insoumis, l'autre par des élus macronistes -, visant à proscrire la participation des autorités de la République à des cérémonies religieuses. Dans les deux cas, les amendements ont été rejetés, signifiant que la représentation nationale était finalement d'accord pour que des participations, comme celle de samedi, soient possibles dans le cadre républicain".
Les deux politologues rappellent enfin qu'Emmanuel Macron a déjà pris part à des cérémonies d'autres cultes religieux. En 2017, le chef de l'État avait par exemple été le premier président de la République depuis dix ans à participer à l'iftar, le dîner de rupture du jeûne, du Conseil français du culte musulman (CFCM).