C'est un constat inquiétant dressé mercredi soir par le Haut Conseil pour le climat. Alors que la couverture végétale n'a jamais était aussi importante, et qu'elle continue de croître depuis 150 ans, la capacité des forêts françaises à stocker du CO2 s'est réduite d'environ la moitié (48% précisément) depuis 2010. Les forêts sont pourtant l'un des acteurs principaux, avec les mers et les océans, dans la captation des émissions de carbone. Ce phénomène est lié à un cocktail de différents problèmes. Europe 1 fait le point avec le professeur François Morneau, chercheur à l'Institut national de l'information géographique et forestière.
Des forêts qui poussent un peu moins
D'abord, le premier problème "est que l'on voit une baisse de l'accroissement, c'est-à-dire que les forêts poussent un peu moins", indique le professeur. "Cela, on peut le lier sans doute à un manque d'eau. Quand il y en a moins, il y a moins la possibilité de grossir, donc de stocker du carbone", détaille-t-il sur Europe 1.
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Les sécheresses et l'introduction de ravageurs
"En parallèle, on a deux autres phénomènes", souligne François Morneau. Le premier, "c'est une augmentation de la mortalité. Sur une échelle d'une dizaine d'années, on voit une hausse de la mortalité de 35%". Le chercheur à l'Institut national de l'information géographique et forestière évoque "un effet des sécheresses successives, et l'introduction dans le pays de ravageurs qui ont un effet sur le peuplement".
La diffusion de mauvais champignons
"La première essence, qui représente la plus grande mortalité de loin en France, c'est le châtaigner", poursuit le professeur. "Elle est notamment liée à la diffusion de pathogènes, des sortes de champignons, l'encre et le chantre des châtaigniers, qui font dépérir des peuplements et on a une énorme mortalité", explique-t-il.
Une augmentation des prélèvements en forêt
François Morneau aborde aussi une "mortalité très importante du frêne, des épicéas et des sapins, et il y a également une augmentation des prélèvements en forêt", ajoute-t-il. "Des forêts qui poussent moins, une mortalité et des prélèvements qui augmentent, évidemment, la capacité des forêts à absorber du carbone, dans l'absolu, baisse un peu", conclut le chercheur sur Europe 1.