Nettoyer les vitres, faire briller la vaisselle, astiquer le sol de la salle de bains… Un foyer français utilise en moyenne 80 litres de produits par an pour nettoyer sa maison ou son appartement. Et pour chaque tâche, quasiment un article différent. Les rayons de supermarchés débordent d'emballages vantant l'"ultra dégraissant", le "désinfectant", voire le "100% bio". Mais de plus en plus nombreux sont ceux à opter pour des mélanges naturels faits maison, mettant en avant des bénéfices en termes de santé, d'environnement et même d'efficacité.
L’émission "Circuits Courts" a consacré mercredi un numéro spécial dédié aux produits d’entretien écologiques ou faits maison. À retrouver ici.
Les détergents classiques sont-ils si dangereux ?
Propreté peut parfois rimer avec danger. Et notamment pour la santé. Dans son numéro hors-série d'avril-mai 2017, le magazine 60 Millions de consommateurs épinglait ainsi 86 produits différents (10 sprays assainissants, 12 produits désodorisants, 12 antiacariens et 12 désinfectants) qui, "loin d'assainir la maison", "décuplent la pollution intérieure", cumulant "des substances allergènes, irritantes, voire toxiques". Parmi eux, un désinfectant La Croix, des désodorisants de la marque Fébrèze ou encore des produits Sanytol. Autant de produits à "éliminer", selon le magazine, qui notait la présence de composés organiques volatiles (COV), "notamment le limonène, irritant et allergisant", dans ces formules.
Une étude qui en rappelle une autre. En 2016, l'association de défense des consommateurs avait en effet déjà attiré l'attention sur 77 produits ménagers pour la vaisselle, la lessive ou les toilettes. Sur ce lot, 21 se sont avérés tantôt irritants et corrosifs, tantôt contenant des allergènes pouvant causer rhinites, asthme et eczémas. Certains de ces produits "à proscrire" contenaient même du formaldéhyde, classé depuis 2004 comme "substance cancérogène avérée pour l’homme". Et cette conclusion : les étiquettes ne détaillent pas suffisamment les substances chimiques présentes.
Quinze produits ont néanmoins passé le test avec succès, tels que le "nettoyant multisurface" de L'Arbre Vert ou le "nettoyant anticalcaire, parfum pin", de Rainett qui, l'un comme l'autre, ne contenaient aucune substance suspecte. Mais difficile de le savoir quand on ne s'y connaît pas vraiment en chimie.
Et si quelques (rares) produits ménagers se révèlent plutôt inoffensifs pour la santé - à condition de suivre les précautions d'usage, évidemment -, cela ne vaut pas forcément pour l'environnement. Évacuées par les eaux de nos toilettes ou de nos éviers, certaines substances chimiques utilisées peuvent contaminer nos eaux souterraines et provoquer des dégâts écologiques.
Quid des produits dits "écologiques" ?
Comme aux rayons alimentation, de plus en plus de lessives ou produits d'entretien dits "naturels" viennent garnir les gondoles. Aujourd'hui, ils représentent environ 5% du marché. Mais sont-ils pour autant moins dangereux pour la santé et surtout aussi efficaces que leurs concurrents classiques ? Pas forcément.
D'abord, gare aux promesses marketing : les mentions "hypoallergénique" ou "peaux sensibles" figurant sur les emballages ne constituent pas un gage d’absence d’allergènes, car il s’agit ici d’une simple déclaration du fabricant. De même, les produits estampillés "bio", en raison de la présence de certaines huiles essentielles, peuvent aussi contenir une des 26 substances reconnues comme allergènes par l’Union européenne (UE).
Si la mention "sans allergène" se montre plus fiable, pour être sûr de ne pas y être confronté, mieux vaut donc se tourner vers l'Écolabel européen, qui garantit qu’un produit en contient moins de 0,01 %… Mais beaucoup lui reprochent de ne pas être assez restrictif. Un second label officiel, Ecocert, s'attache lui à vérifier l’origine des matières premières, afin de valoriser les détergents à base d’ingrédients biologiques.
Les liquides vaisselle au bicarbonate, lessives au savon noir, dégraissants au savon de Marseille et autres nettoyants au savon d'Alep - autant d'ingrédients naturels - sont d'ailleurs bien trop souvent "incorporés en quantité dérisoire", notait encore 60 Millions de consommateurs en mars 2017.
En ce qui concerne l'efficacité, cela reste relativement difficile à juger. Car tout dépend évidemment des marques et des familles de produits. Globalement, les liquides vaisselle écologiques n'ont aucun mal à rivaliser avec les produits classiques, tout comme les nettoyants pour vitres. Les lessives, elles sont efficaces, même si elles ont parfois tendance à souffrir de la comparaison avec leurs homologues conventionnelles promettant un linge "plus blanc que blanc", pour la simple et bonne raison qu'elles ne contiennent pas d’adjuvants pour retenir le calcaire ni d’agents de blanchiment de type azurants optiques, difficilement biodégradables et potentiellement toxiques pour les espèces aquatiques.
Pour certains produits, comme les déboucheurs de canalisations, la seule différence réside en fait dans le temps passé à attendre que le produit agisse.
Pourquoi se tourner vers le fait-maison ?
Pour être sûr d'avoir un détergent vraiment écologique, rien de mieux que de le fabriquer soi-même. Vinaigre blanc, bicarbonate de soude, citron : utilisés séparément ou en association, ces trois produits sont souvent présentés comme un trio incontournable du nettoyage écolo. Le savon noir ou de Marseille, les cristaux et percabonate de soude, la terre de Sommières et certaines huiles essentielles peuvent aussi s'ajouter à la liste.
Autant d'ingrédients simples, respectueux de l’environnement, biodégradables rapidement, et qui s'avèrent souvent bien efficaces, mêmes si certains ajustements sont parfois nécessaires. Cette solution permet aussi d'élaborer des solutions en grande quantité, afin de limiter les emballages. Attention toutefois à ne pas tester n'importe quoi, et à toujours se protéger en conséquence.
La Confédération de la Consommation, du Logement et du Cadre de Vie (C.L.C.V.), agréée comme association nationale de défense des consommateurs et de protection de l'environnement, propose des ateliers dédiés au grand public, pour présenter des recettes simples avec des produits naturels.
D'autres raisons, enfin, sont d'ordre économique. À environ 0,75 euros le litre et demi de vinaigre d'alcool, quelque 5 euros le kilo de bicarbonate de soude et 3 euros celui de cristaux de soude, cela devient vite bénéfique. Sans compter la satisfaction de faire ses propres produits…