Dix minutes. C'est le temps qu'il aura fallu dimanche à Redoine Faïd pour s'évader par hélicoptère, avec la complicité d'un commando armé, de la prison de Réau, en Seine-et-Marne. Jérôme Pierrat, journaliste et spécialiste du crime organisé connaît bien le braqueur récidiviste, qui purgeait une peine de 25 ans pour l'attaque ratée d'un fourgon blindé en 2010 où une policière municipale avait trouvé la mort. Ensemble, ils ont écrit Braqueur, des cités au grand banditisme (2010, éditions La Manufacture des Livres), une publication qui a valu à Redoine Faïd le surnom d'"écrivain", chez les policiers et les journalistes. Au micro d'Europe 1, Jérôme Pierrat estime que le pro du braquage de fourgons n'a "plus rien à perdre".
"Il a 46 ans, là c'était la fin de vie en prison !", affirme Jérôme Pierrat, rappelant que outre sa condamnation à 25 ans de prison, Redoine Faïd devait aussi purger une peine de dix ans de prison pour son évasion de la prison de Lille-Sequedin en 2013 et 18 ans pour l'attaque d'un fourgon blindé dans le Pas-de-Calais en 2011. "Il n'aurait pas dû s'évader", s'étonne le journaliste. "Avec le palmarès qu’il a et son passé, on ne comprend pas tellement comment il a réussi à faire ça. Il ne s’en était jamais caché, il avait clamé haut et fort devant le personnel qui l’encadrait qu’il recommencerait", rappelle Jérôme Pierrat.
Une "certaine réputation dans le milieu". Selon une source proche du dossier, l'évasion s'est faite avec trois complices. Un élément qui, pour Jérôme Pierrat, montre que Redoine Faïd a "un certain charisme, une certaine réputation dans le milieu". "Les gens qui sont venus le chercher risquent très, très lourd", souligne le journaliste. "Il évolue dans un cercle très restreint, le grand banditisme, on y noue des amitiés, on y noue des obligations. Visiblement, celles-ci ont été mises en action ce matin [dimanche, ndlr]."
"Un homme aux abois". "Là, c’est le plus gros morceau qui l’attend [...] Il va falloir tenir cette cavale", estime Jérôme Pierrat, ajoutant que cela demande "de la logistique", "des soutiens", et "de l’argent". "Je l’imagine bien enterré quelque part en attendant que le vent passe. Il n’a jamais fait montre de violence envers la police, même lors de son arrestation à Pontault-Combault, c’est un homme qui, je pense, est aussi aux abois."