À l'heure où Agnès Buzyn, ministre de la Santé, présente son premier budget, Martin Hirsch, directeur général de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris, publie un essai, L'hôpital à cœur ouvert, plaidoyer pour l'hôpital public. Il rejoint notamment la position de la responsable gouvernementale qui souhaite augmenter l'ambulatoire pour pouvoir rééquilibrer les dépenses de santé. "L'hôpital, grand hôtel ou l'on vient dormir et se faire soigner, c'est moins le modèle dominant aujourd'hui", explique Martin Hirsch, invité lundi de la matinale d'Europe 1.
Martin Hirsch explique qu'actuellement, "36% des interventions chirurgicales à l'AP-HP se font en ambulatoire". Un pourcentage qu'il souhaite augmenter "à condition que l'on n'ait pas une règle arithmétique qui dise qu'il faille supprimer des postes de nuit", précise-t-il. "Ça veut dire aussi que dans la journée il faut plus de monde, l'intensité des soins est plus forte, il faut plus de bras et de blouses".
Tisser un nouveau lien avec le patient. Pour Martin Hirsch, l'augmentation de l'ambulatoire doit aussi marquer une évolution du rapport entre le patient et le service hospitalier, rapport longtemps resté occasionnel, et qu'il souhaite désormais inscrire dans la continuité. "La grande évolution actuelle, celle qui transcende toutes les autres, c'est qu'autrefois, le lien que vous aviez avec l'hôpital et l'équipe hospitalière coïncidait avec votre séjour à l'hôpital. Les patients arrivaient inconnus, on faisait tous les examens, on les soignait, ils quittaient l'hôpital, et on les oubliait. Aujourd'hui, l'hôpital cherche à construire un lien avec les patients, très tôt, dès la naissance, avec les données, le suivi des patients qui ont notamment des pathologies chroniques, et qui vont vivre vingt ou trente ans avec leur maladie. Ils ne vont pas passer vingt ou trente ans à l'hôpital, ils vont y passer de temps en temps, un jour, deux jours, trois jours", explique le directeur de l'AP-HP.
Une logique comptable ? Alors que le budget des hôpitaux est actuellement fixé en fonction du nombre d'actes chirurgicaux pratiqués, de nombreuses critiques s'élèvent contre ce système, accusant les CHU de programmer des opérations inutiles pour gagner plus d'argent. "Ce n'est pas ce que j'observe dans les hôpitaux parisiens", tient néanmoins à nuancer Martin Hirsch. "On peut être conduit à faire tourner la machine, mais jamais pour opérer quelque chose qui serait inutile. Peut-être que sur 10 millions de patients, vous aller en trouver trois, mais ça n'est vraiment pas la logique", assure-t-il. "Même quand les systèmes de tarification sont très pervers, il y a quelque chose de très puissant qui s'appelle l'éthique médicale", veut-il rappeler.
>>> Retrouvez ci dessous l'intégralité de l'interview de Martin Hirsch, directeur général de l'AP-HP, par Patrick Cohen :