La PDG de la RATP Catherine Guillouard s'est montrée vendredi fort réservée devant la proposition de la maire de Paris Anne Hidalgo de réfléchir à la gratuité des transports en communs pour les habitants de la capitale. "La gratuité, c'est difficile d'être enthousiaste quand on est opérateur" de transports publics, a-t-elle lancé devant des journalistes.
Citant une étude récente de l'Union des transports publics (UTP), elle rappelle que la gratuité a jusqu'à présent concerné 22 réseaux sur 290 en France. "C'est des réseaux de petite taille, et vous imaginez Paris ou l'Ile-de-France? C'est sans commune mesure par rapport à ces expériences qui ont été conduites".
Pour Catherine Guillouard, Présidente – directrice générale du @groupeRATP, le Groupe RATP, qui se construit sur un modèle de croissance rentable, en France comme à l’international, peut regarder son avenir avec confiance et ambition. https://t.co/iC7X2QKrzppic.twitter.com/FA2ywnWiOB
— Groupe RATP (@GroupeRATP) 23 mars 2018
27% des coûts en Ile-de-France couverts par les titres de transport. "On a vu dans ces expériences que le report modal (des automobilistes vers les transports en commun, ndlr) a été extrêmement modéré et que la qualité de service n'est pas toujours au rendez-vous, que les coûts explosent parce qu'il y a une intensification du service et que ça attire plus de monde", a-t-elle énuméré, ajoutant des problèmes d'incivilité. S'ajoutent selon elle "la complexité de ce qui se passe à Paris" et "les enjeux financiers". "C'est bien beau de parler de gratuité, parce que ça ne sera jamais gratuit", a-t-elle relevé, rappelant que les titres de transport des voyageurs couvrent 27% des coûts en Ile-de-France.
Trois milliards d'euros nécessaires pour aboutir à la gratuité. Le budget annuel des transports en commun étant d'environ 10 milliards d'euros dans la région, il faudrait trouver 3 milliards d'euros s'ils devenaient gratuits pour tous. Or, il faudra sans doute investir beaucoup plus pour augmenter la capacité de lignes qui sont déjà bien chargées, a-t-elle dit. "On participera à la réflexion si elle s'ouvre, et il semblerait qu'elle s'ouvre, mais on ne peut pas dire qu'en tant qu'opérateur ça nous enthousiasme", a indiqué Catherine Guillouard.
Hidalgo ne peut "pas faire cavalier seul". La maire PS de Paris Anne Hidalgo avait annoncé lundi le lancement d'"une étude sur la gratuité des transports en commun" pour les Parisiens. Pour elle, la "question de la gratuité des transports est une des clefs de la mobilité urbaine dans laquelle la place de la voiture polluante n'est plus centrale". La présidente de la région LR Ile-de-France Valérie Pécresse a affirmé mardi "être ouverte à toutes les idées neuves, d'où qu'elles viennent". Mais elle estime qu'"il ne doit pas y avoir un euro en moins de recettes pour Ile-de-France Mobilités", l'autorité organisatrice des transports franciliens qu'elle préside également. Se refusant à toute inégalité entre les Parisiens et les habitants de la banlieue, elle a également estimé qu'Anne Hidalgo ne pourrait "pas faire cavalier seul".