Deux ex-agents des services secrets français, ainsi que l'épouse de l'un d'entre eux, ont été mis en examen en décembre 2017 pour avoir collaboré avec une puissance étrangère, en l’occurrence la Chine, a-t-on appris vendredi de source proche du dossier. Ils sont poursuivis pour des "faits graves susceptibles d'être qualifiés de faits de trahison pour avoir été suspectés de livrer des informations à une puissance étrangère", a déclaré vendredi la ministre des Armées, Florence Parly.
Au moins un an d'enquête. Il y a un an, Europe 1 s'était intéressé à une enquête qui s'avère être celle-ci. Pourquoi ? Parce qu'en mai 2017, au journal officiel, avait été publié un avis concernant une demande de déclassification de documents classés secret défense. Demande formulée, lit-on, par le procureur de Paris François Molins... dans le cadre d'une enquête pour "trahison par intelligence avec une puissance étrangère". Le procureur demandait à avoir accès à différents documents, le plus ancien remontant octobre 2016. Mais à cette époque, personnes n'avait souhaité apporter de précisions ni faire de commentaire sur ce dossier, confié cette fois à la DGSI, le renseignement intérieur.
Des informations transmises à la Chine. On sait donc désormais que trois personnes sont mises en examen depuis décembre dans ce dossier. Selon les informations d'Europe 1, les deux hommes sont actuellement écroués et l'un d'eux a été en poste à Pékin. C'est bien la Chine qui aurait bénéficié d'informations fournies par ces agents français, possiblement "retournés" par les services chinois. Quel type d'information ? Le journal le Monde croit savoir qu'il s'agit de renseignement sur les méthodes de travail des services français.
"Ça fait partie du jeu", estime un ancien chef de la DGSE
"Les Chinois sont entrés de plein pied dans le grand jeu international", commente pour Europe 1 Alain Chouet, ancien chef du service de renseignement de la DGSE. "Jusqu'aux années 2000, ils faisaient essentiellement du renseignement technologique et économique, maintenant ils sont devenus une grande puissance politique, et ils font du renseignement politique aussi, en essayant de recruter des agents dans des services étrangers ou des structures diplomatiques étrangères."
"Il y en a eu assez peu en France, ça se compte sur les doigts des deux mains", poursuit l'expert, qui nomme deux sources principales de compromission : "l'argent et l'ego". "Ça fait partie du jeu, on trouvera peut-être dans les jours qui viennent un espion chinois chez nous et on le renverra chez lui. Ça ne peut pas aller plus loin, on ne va pas faire la guerre à la Chine. Les enjeux sont totalement disproportionnés entre nos intérêts et l'offense qui est faite en recrutant quelqu'un de la DGSE."