Ivresse, scarification, fugue ou tout simplement refus de voir ses amis : les "conduites de rupture" pour estimer la détresse adolescente sont nombreuses. Mais il n'est pas aussi simple d'évaluer un risque de suicide car chez l'adolescent, ces différents symptômes peuvent être présents de manière isolée, sans qu'il faille s'alarmer. C'est pourquoi, dans "Il n'y en a pas deux comme elle" vendredi, Xavier Pommereau, psychiatre et spécialiste de l'adolescence, a mis au point une échelle de paramètres qui permet un diagnostique plus précis du mal-être adolescent.
1 - L'âge. Ces différentes conduites de rupture peuvent apparaître à différents moments. Le timing n'est pas anodin. "Inférieur à 15 ans, c'est plus grave qu'après 15 ans. Une fugue à 13 ans par exemple, il faut vraiment la prendre en compte", explique Xavier Pommereau.
2- Le cumul. "Cumuler fugue, scarification, envie d'avaler des cachets pour s'endormir et isolement : on est dans une situation de danger". C'est là que réside toute la difficulté de l’évaluation pendant la période adolescente. Il est en effet très difficile de différencier une crise d'adolescence d'une crise plus profonde, révélatrice de tendance suicidaire. La reconnaissance de la multiplication de ces symptômes permet alors une expertise plus précise.
3- La répétition. Une conduite de rupture occasionnelle peut être seulement le signe d'une simple révolte, habituelle pendant la période de l'adolescence. Si les phénomènes se répètent, alors un danger est possible. Xavier Pommereau illustre ce critère avec un exemple : "L'adolescent revient d'une fête un peu ivre, ou très ivre : ce n'est pas pour une seule fois" qu'il faut s'inquiéter. "Si cela lui arrive à plusieurs reprises ou toutes les semaines, là il faut vraiment se poser des questions".
4- L'intensité. Toujours avec le même exemple concernant l'alcool, Xavier Pommereau établit des différences en fonction de l'amplitude de la conduite de rupture. "Il y a une différence entre être ivre et être ramassé par police secours puis emmené aux urgences en état de coma éthylique", indique le psychiatre.
5- L'inversion par sexe. C'est sans doute le critère le moins connu, selon Xavier Pommereau. Le paramètre de l'inversion par sexe se base sur les données empiriques des professionnels de santé concernant le suicide. "Les garçons ont plutôt tendance à exprimer leurs ruptures contre la société : ils ont des actes anti-sociaux. Les filles retournent l'agressivité contre elle". Quand la situation s'inverse, "qu'un garçon se scarifie ou qu'une fille manifeste des actes de violences à l'égard d'autrui, on doit le prendre comme un paramètre de gravité".