"La France expulse, mutile et précarise les personnes trans et intersexes" : 1.500 personnes se sont rassemblées et ont défilé samedi à Paris, selon la préfecture de police, pour réclamer notamment l'arrêt des interventions chirurgicales non consenties sur les enfants et jeunes intersexes. "Nous demandons l'abrogation de ces mutilations", a affirmé un membre du collectif Existrans, qui organisait la 22ème édition de la "Marche des personnes trans et intersexes", entre Stalingrad et Hôtel de Ville.
"J'ai subi une mutilation génitale à 15 ans". Loé, 34 ans, tout en noir, cheveux rasés, du collectif Intersexes et Allié.e.s, explique avoir été opéré.e à 15 ans, pour "être rendu.e plus conforme aux normes attendues par les médecins". Les personnes intersexes sont nées avec des caractères sexuels qui ne correspondent pas aux définitions types des corps masculins ou féminins. "On m'a assigné le genre féminin à la puberté", raconte Loé. "J'ai subi une mutilation génitale à 15 ans". Aujourd'hui, elle veut rappeler que ces opérations ne répondent à aucune nécessité de santé et doivent être interdites.
Interventions chirurgicales superflues. Alors que le Conseil d'État et le Défenseur des droits se sont rangés derrière les avis de l'ONU et d'organismes internationaux tels que Human Rights Watch et Amnesty International pour demander l'arrêt des "traitements" hormonaux non consentis et des interventions chirurgicales superflues opérées sur les enfants et adolescent·e·s intersexes, les protocoles médicaux français continuent à recommander ces pratiques - et les équipes médicales à les appliquer, ont dénoncé les organisateurs de la marche. Ils se sont aussi insurgé contre l'adoption de la loi asile et immigration, qui promet de "priver de recours des demandeur·euse·s d'asile trans et intersexes", renvoyés dans des pays où ils risquent "la peine de mort".
« On veut être le bug dans le système de la Sofect ! » En amont de l'#Existrans, des activistes trans, intersexes et non-binaires ont manifesté ce matin devant l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière pour protester contre les pratiques de la Sofect. Reportage pic.twitter.com/V7HxxnZbhP
— Komitid (@komitid_fr) 13 octobre 2018
La précarité des personnes intersexes. Les manifestants ont aussi mis en avant la "précarité" des personnes trans et intersexes et l'obligation abusive d'entrer dans un suivi psychiatrique pour pouvoir avoir accès aux soins. Portant un T.shirt "Justice pour Vanessa", Giovanna Rincon, la directrice de l'association Acceptess-T, a quant à elle rappelé le meurtre de Vanessa Campos, femme trans travailleuse du sexe et migrante abattue au bois de Boulogne en août dernier. "Avec la pénalisation des clients, on oblige ces personnes à se mettre en danger en exerçant dans des lieux de plus en plus isolés", a-t-elle regretté. La loi sur la prostitution adoptée en avril 2016 a notamment introduit la pénalisation des clients, désormais passibles d'une amende de 1.500 euros.