Le député LREM Matthieu Orphelin a fait savoir vendredi qu'il ne "pourrait pas voter pour" le projet de loi asile-immigration, dont l'examen débute lundi à l'Assemblée, tout en assurant que c'est "tout sauf un début de fronde".
"Après plus de 3 mois de travail intensif, de rencontres avec les acteurs impliqués, de séances collectives au sein du groupe LREM, de propositions, de recherche de convergence et après mûres réflexions, j'ai pris ce jour la décision difficile de ne pas voter POUR la loi asile et immigration", indique le député qui compte s'abstenir.
Pourquoi je ne pourrai pas voter POUR la loi #AsileImmigration et pourquoi c'est tout sauf un début de fronde. A lire ici -> https://t.co/6mXbkooALR
— Matthieu ORPHELIN (@M_Orphelin) 13 avril 2018
Cette décision "est tout sauf un début de fronde. Mon engagement pour la réussite de la majorité présidentielle reste entier", ajoute-t-il, dans un communiqué.
Il regrette "de ne pas avoir convaincu la majorité". L'élu du Maine-et-Loire cite des avancées obtenues en commission, dont la fin du statut de "pays d'origine sûr" quand les droits des homosexuels ne sont pas respectés, ou la "correction des dispositifs inacceptables" sur la rétention des "dublinés" (dépendants d'un autre pays européen où ils sont enregistrés). Il anticipe d'autres avancées dans l'hémicycle : "travail dès 6 mois pour les demandeurs d'asile, aménagement partiel du délit de solidarité".
Mais cet ex-bras droit de Nicolas Hulot dans sa fondation regrette de ne pas avoir "convaincu la majorité" sur d'autres points "centraux", dont le maintien à 45 jours pour la durée maximale de rétention (portée à 90 jours) ou la fin de la rétention des mineurs.
Une quinzaine de députés contestent certains aspects du texte. Le député fait savoir qu'il s'exprimera "peu" dans l'hémicycle pour "ne pas être instrumentalisé par les postures politiciennes et ne pas mettre en difficulté la majorité". S'il dément donc toute posture de frondeur, cette prise de position tombe toutefois mal pour la majorité, alors que plusieurs députés LREM, membres de l'aile gauche du mouvement, ont exprimé des désaccords sur certains aspects du texte.
Mardi, le chef de file des députés LREM Richard Ferrand avait rappelé à l'ordre les contestataires de son groupe, les incitant à renoncer à défendre des amendements dans l'hémicycle, et agitant une menace voilée d'exclusion. Mais en dépit de cet avertissement, une vingtaine de députés ont déposé des amendements. Parmi eux, Jean-Michel Clément a d'ores et déjà indiqué qu'il voterait contre un texte dont il "rejette depuis le départ la logique répressive".