Face à la violence, il jette l'éponge. Après quinze ans d'exercice dans un quartier sensible de Marseille, le docteur Saïd Ouichou, très apprécié par ses patients, s'est résigné à fermer son cabinet. La semaine dernière, deux hommes l'ont pris à partie dans son cabinet, agacés par une attente trop longue. Une énième agression, celle de trop pour ce médecin généraliste. Pour le moment toujours en exercice, il décrit une situation intenable au micro d'Europe 1. "Là, je suis obligé de fermer la porte pour que l'accès ne soit pas libre à mon cabinet. C'est le dernier moyen que j'ai trouvé pour me mettre un peu à l'abri", explique le médecin.
Des agressions plusieurs fois par semaine
Un geste devenu un rituel, car l'agression dont il a été victime n'est hélas pas la première. "Ça arrive de temps en temps. Ce sont des gens qui viennent pour une consultation et la personne ne veut pas attendre. Elle tambourine sur la porte pour que je la prenne tout de suite. Elle voulait me frapper. Des patients dans la salle d'attente se sont interposés", décrit-il.
Au début, ce genre de situation arrivait seulement environ une fois tous les quatre mois mais dorénavant, il subit des agressions plusieurs fois par semaine. Le docteur Ouichou a déjà porté plainte cinq fois. Des dossiers tous classés sans suite, d'où son départ. Ses patients sont dépités et craignent que le quartier ne devienne un désert médical.
L'incompréhension de ses patients
"Je ne comprends pas. Franchement, il est compétent, apprécié par tout le quartier. Bien sûr, c'est un problème, ce n'est pas bon, on morfle, il n'y a pas suffisamment de médecins", alerte un de ses patients présents au cabinet. Celui-ci pointe du doigt des salles d'attente tout le temps pleine à craquer, puisque seuls deux médecins sont présents dans le secteur.
Le cabinet du docteur Ouichou fermera ses portes définitivement la semaine prochaine. Le médecin rejoindra, lui, le cadre plus sécurisant d'une maison médicale.