Coup d'envoi ce lundi, et pour une semaine, du procès à la cour d'assise des Alpes-Maritimes du bijoutier niçois Stephan Turk, accusé d'avoir tué l'un de ses braqueurs. Le 11 septembre 2013, ce commerçant avait été victime d'un violent braquage dans sa boutique du centre-ville de Nice, à la suite duquel il avait tiré sur l'un des malfaiteurs en fuite. L'homme, aujourd'hui âgé de 72 ans, avait été dans la foulée soutenu en masse sur les réseaux sociaux. Il comparait désormais pour homicide volontaire.
"Une réaction humaine". Depuis cinq ans, le rideau de fer de la bijouterie est baissé. Dans le quartier populaire de Notre-Dame, personne n’a oublié le braquage, très violent, à l’ouverture de la boutique. Stephan Turk s’était fait rouer de coup, avant de saisir son arme, de se baisser sous le rideau, et d’abattre l’un des deux malfaiteurs lors de leur fuite à scooter. "J'avais peur de mourir, je n'ai pas eu le temps de réfléchir, j'ai tiré instinctivement", plaide-t-il. Nombre de commerçants voisins et d'habitants du quartier disent comprendre ce geste du bijoutier. "C'est un acte provoqué par l'agression. C'est une réaction humaine", explique ainsi une riveraine. "On le comprend, mais on ne va pas lui donner raison. Ça n'est pas de la légitime défense", nuance un autre.
Vengeance ou légitime défense ? Car c’est là tout l’enjeu du procès : y a-t-il eu ou non légitime défense ? "Trois tirs volontaires, successifs, à faible distance, sur une personne qui prend la fuite, ça ne peut pas être de la légitime défense", répond maître Philippe Soussi, l’avocat de la famille du braqueur tué. "Dans aucune société civilisée, il ne peut y avoir de la place pour l'auto-défense, la légitime défense des biens ou la vengeance privée", argue-t-il. "Même si l'opinion publique a déjà rendu son verdict sans enquête et sans procès, la justice n'est ni Twitter, ni Facebook, ni l'opinion publique", ajoute-t-il.
"Pour sauver sa vie, le bijoutier a tiré". Franck De Vita, l’avocat du bijoutier, estime de son côté que Stephan Turk a tiré car il était bel et bien en danger de mort. "À un moment donné, le passager s'est retourné avec l'arme longue. Par instinct, pour sauver sa vie, le bijoutier a tiré en direction de celui qui l'a braqué. Il était bien en état de légitime défense". Mais dans la mesure où aucune caméra n’a filmé la scène à l’extérieur de la bijouterie, au tribunal, ce sera parole contre parole.