Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées mardi après-midi près du ministère de la Santé, à Paris, d'où une délégation réclamant des moyens supplémentaires pour les maisons de retraite, est ressortie "en colère".
"Pour la dignité et le respect de nos aînés et des professionnel.le.s exigeons plus de moyens", pouvait-on lire sur la grande banderole déployée par les manifestants, dont de nombreuses femmes, réunies derrière des ballons aux couleurs de la CGT, de la CFDT, de FO ou encore de la CFE-CGC.
"Madame Buzyn comment on va faire pour soigner ?". "Assez de la maltraitance", scandaient des manifestants. "Madame Buzyn c'est vous bientôt qui serez dans nos lits, comment on va faire pour vous soigner ?", a clamé une manifestante au micro. Cette mobilisation nationale, à l'appel d'une large intersyndicale (CGT, CFDT, FO, Unsa, CFTC, CFE-CGC et SUD) avec le soutien de l'association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA), la Fédération hospitalière de France et plusieurs associations de retraités, s'est accompagnée de débrayages dans des établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) et dans des services à domicile. Des rassemblements ont eu lieu également dans les régions.
Une délégation mécontente des réponses. Une délégation a été reçue par le cabinet de la ministre, sans obtenir satisfaction. "On ressort en colère, mécontents des réponses, et inquiets que ce gouvernement ne réponde pas à notre demande de moyens supplémentaires", a ainsi regretté Mireille Stivala (CGT). Cette mobilisation "a montré que l'unité est possible sur la base de revendications claires", a estimé de son côté Luc Delrue (FO). "Peut-être qu'il faudra à nouveau que l'on se décide à la grève totale, jusqu'à la satisfaction de nos revendications", a-t-il ajouté.
"Tous les gouvernements se sont refilés la patate chaude". Présent au rassemblement parisien, le n°1 de la CFDT Laurent Berger a souligné "l'unanimité" de ces revendications. "On sait que la ministre est consciente des difficultés... Mais à un moment il faut arrêter de se refiler la patate chaude. Tous les gouvernements successifs l'ont fait", a-t-il déclaré. Également sur place, comme Philippe Poutou (NPA), le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez a salué une mobilisation "qui est progressivement montée" et est devenue "visible". "On ne demande pas d'argent en plus mais du personnel", a expliqué Reine-Marie Dupont, 57 ans, aide-soignante dans un Ehpad parisien. "On court toute la journée, je n'ai même pas le temps de faire pipi".
400.000 personnes travaillent dans les Ehpad. Près de 600.000 personnes vivent aujourd'hui dans l'un des 7.200 Ehpad, selon le ministère de la Santé, et 400.000 personnes y travaillent. Les grévistes demandent "plus de moyens pour prendre en charge dans la dignité" les aînés, souhaitant un ratio d'un agent (tous métiers confondus) par résident dans les Ehpad, où les seniors arrivent de plus en plus dépendants et nécessitent davantage d'assistance.