C'est une première. En 2017, la barre des 100.000 demandes d'asile a été franchie en France. François Gemenne, chercheur en sciences politiques et spécialiste des migrations, était l'invité d'Europe midi pour étayer ce chiffre record.
"Une augmentation réelle". Si le chiffre est important, le spécialiste en relativise néanmoins la portée. On ne peut pas selon lui parler d'explosion. "C'est une augmentation substantielle et régulière depuis une dizaine d'années en réalité." François Gemenne avance les statistiques : on dénombrait 35.000 demandeurs d'asile en 2007. Un chiffre qui n'a fait que croître et qui a enregistré un bond de 16% entre 2016 et 2017. En bref, "une augmentation réelle, mais pas une explosion".
L'Europe accueille "17% des déracinés". Le franchissement de la barre des 100.000 s'explique selon lui par "l'augmentation du nombre de personnes obligées de se déplacer dans le monde." Le Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés estime à 65 millions le nombre de déracinés dans le monde, "mais l'Europe n'accueille pas beaucoup de ces personnes, 17% des déracinés", précise le spécialiste. Par ailleurs, "l'Europe est incapable de répondre à la crise des réfugiés avec une politique d'asile concertée et commune. la France fait un peu les frais de cette incapacité", ajoute-t-il.
Des refus en augmentation. Si les demandes d’asile augmentent, les taux de refus également. "Le taux de protection (d'accueil favorable des demandes) s'établie en France à 36%, ce qui est un peu inférieur à la moyenne européenne, autour de 45%." De manière globale, une personne sur trois en France se voit accorder l'asile. Les refus ont augmenté car les demandes émanaient notamment de ressortissants de pays "considérés comme sûrs. On imagine parfois un afflux de réfugiés syriens ou africains, en réalité les premiers pays de demandes d'asile en France sont l'Albanie, puis l'Afghanistan, puis Haïti".