Les Brav-M, ces policiers parisiens spécialistes du maintien de l'ordre circulant à moto, casqués et armés, interviennent en première ligne lorsque les manifestations dégénèrent et se retrouvent depuis plusieurs jours au cœur de polémiques sur la répression violente de manifestations.
Créée au printemps 2019
Les Brav-M (Brigades de répression de l'action violente motorisées) ont été créées au printemps 2019 après le saccage d'une partie des Champs-Élysées et notamment le pillage et l'incendie de la célèbre brasserie Le Fouquet's. "L'idée était de pouvoir intervenir vite, là où les grosses compagnies ne passent pas ou sont trop lourdes avec leurs kilos de matériel", a expliqué à l'AFP le commandant de police Patrick L. qui a participé à sa création. La Brav-M est souvent comparée aux "voltigeurs", une unité de policiers également à moto créée dans la foulée de mai 68 et dissoute en 1986, après la mort de Malik Oussekine, tué sous les coups de trois d'entre eux, en marge d'une manifestation étudiante.
Cette comparaison est "une erreur" selon la préfecture de police. "On a des gens spécialisés en maintien de l'ordre, formés et qui ne font que ça, qui sont à moto et qu'on dépose pour intervenir, comme des parachutistes", affirme auprès de l'AFP, le Directeur de l'ordre public et de la circulation (DOPC) Jérôme Foucaud.
Intervenir au cours de manifestations
Les Brav-M se déplacent en convoi dans Paris et sa petite couronne pour intervenir au cours de manifestations, sur des violences urbaines, des dégradations ou des actions de dispersion mais aussi en soutien d'unités en difficulté. Elles peuvent procéder à des interpellations, en allant chercher "dans la foule" des personnes remises ensuite à des officiers de police judiciaire. La Brav-M passe une majorité de son temps en "grenouillage", c'est-à-dire en patrouille en moto dans les zones à risque pour dissuader les casseurs.
Sauf risque imminent, les Brav-M n'interviennent que sur ordre de la salle de commandement, selon son encadrement. Hors manifestations, elles viennent en aide aux commissariats, dans la lutte contre les violences urbaines ou sur les contrôles routiers.
92 équipages
La BRAV-M comporte aujourd'hui 6 sections de 18 opérateurs et autant de motards, soit 92 équipages, un chiffre voué à monter jusqu'à 150 d'ici les Jeux Olympiques, d'après le commissaire qui les dirige, Stéphane B. Chaque équipage est constitué d'un binôme formé au gré des besoins d'un pilote (casque blanc) et d'un "opérateur" (casque noir). Ils sont issus d'une unité permanente (dite "24 Brav-M"), mais aussi d'effectifs de la Division régionale motocycliste (DRM) et des compagnies d'intervention (CI) de la PP. On n'y trouve plus de policiers de brigades anticriminalité, comme ce leur fut reproché à leurs débuts.
Tous les pilotes et opérateurs reçoivent une formation initiale et continue, qui a été renforcée ces deux dernières années. Ils sont soit sortis d'école, soit recrutés sur la base du volontariat ou repérés pour leur capacité en maintien de l'ordre.
Quels équipements et armements ?
Les Brav-M portent tous une tenue et un casque de motard, un gilet tactique, un marquage police, une radio de transmission et une arme de poing (SIG-Sauer). Chaque agent est aussi équipé d'une caméra-piéton, qu'il déclenche individuellement et qui est remise avec en fin de service. Son équipement emblématique reste la matraque télescopique ou des bâtons dit "gomme", un modèle court plus pratique sur la moto.
Chaque agent est équipé de grenades lacrymogène à main (gazeuse), d'autres modèles de type CM6, et des grenades de désencerclement GENL. Chaque section comprend également quatre porteurs de bouclier, un tireur de LBD et dispose d'un lanceur "cougar" pour les grenades de longue portée.
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Deux policiers sous le coup d'une enquête judiciaire
Ces unités sont régulièrement pointées du doigt depuis leur création, des manifestants leur reprochant aussi bien un usage excessif de la force, notamment des coups portés sur des personnes déjà maîtrisées ou ne présentant aucune menace. Depuis le mouvement contre la réforme des retraites, au moins deux policiers de la Brav-M sont sous le coup d'une enquête judiciaire, selon une source proche du dossier. L'un a été filmé en train d'asséner un coup de poing au visage d'un homme laissé à terre, un geste qualifié le lendemain "d'inadapté" par le préfet de police, Laurent Nuñez. Une version que conteste désormais la Brav-M qui évoque un geste "mal contextualisé" par les images sur un homme "alcoolisé".
Dans un enregistrement sonore d’une vingtaine de minutes que Loopsider s’est procuré, plusieurs policiers des Brav-M menacent et intimident sept jeunes gens interpellés lundi soir après une manifestation contre la réforme des retraites. Voici une partie de ce document édifiant. pic.twitter.com/dvWDZbGQSb
— Loopsider (@Loopsidernews) March 24, 2023
Une autre enquête a été ouverte après la plainte déposée par une femme qui dit avoir subi lundi des violences dans le quartier du Châtelet. Le préfet de police a également saisi vendredi l'IGPN après les propos insultants et humiliants, prêtés à des policiers de la Brav-M, sur de jeunes manifestants et révélés dans un enregistrement audio. Pour autant, le démantèlement de la Brav-M, réclamé par plusieurs députés Insoumis, n'est "pas à l'ordre du jour", selon M. Nuñez. "Le comportement de quelques individus ne doit pas jeter l'opprobre sur toute une unité".