Rencontre Ados : le ministre délégué au Numérique saisit la justice, Google supprime l'appli

Rencontres ados
En France, depuis l'été 2022, une loi prévoit d'imposer aux sites d'obtenir l'autorisation des parents pour que les moins de 15 ans puissent s'inscrire. © Laure Boyer / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
  • Copié
avec AFP // Crédit photo : Laure Boyer / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP , modifié à
Le ministre délégué au Numérique Jean-Noël Barrot a "saisi la procureure de la République" à propos des propositions pédophiles signalées ces derniers jours sur le site Rencontre Ados, a-t-il annoncé jeudi sur franceinfo TV. Dans la foulée, Google a supprimé l'appli de son magasin d'applications Play Store, s'est félicité le ministère. 

"Face aux signalements qui se sont multipliés ces dernières semaines, j'ai saisi la procureure de la République sur des situations particulières qui traduisent des propositions sexuelles par des adultes à des mineurs, qui sont passibles de deux ans de prison", a déclaré Jean-Noël Barrot, ministre délégué au Numérique.

"Ceux qui se livrent à ces comportements criminels peuvent être retrouvés et peuvent être condamnés", a-t-il insisté. "J'ai pris contact avec le site, avec lequel je vais échanger aujourd'hui pour améliorer sa coopération avec les autorités de police et de justice".

129 signalements en une journée

Le site Pharos, la plateforme du ministère de l'Intérieur où peuvent être signalés les contenus illicites, a reçu 497 signalements concernant Rencontre Ados depuis 2009, avec un très gros afflux ces deux derniers jours : 129 signalements ont été reçus mercredi, a-t-on appris de source policière. Depuis quelques jours, relayant des signalements de parents, la presse a relevé de nombreux exemples de propositions pédophiles sur le site belge, gratuit, qui cible "les jeunes de 13 à 25 ans" et existe depuis près de 18 ans.

"La position de la police c'est de dire que le site ne peut pas être interdit car il n'est pas illégal en tant que tel, donc la seule façon de l'assainir, c'est de l'expurger de tous les comptes auteurs d'infractions", a commenté auprès de l'AFP Justine Atlan, directrice générale de l'association e-Enfance, qui répond au 3018, numéro national pour les victimes de violences numériques.

Pour elle, l'offre du site reste néanmoins "problématique" : "il propose des rencontres à vocation amoureuses dans une tranche d'âge qui mélange des mineurs de moins de 15 ans et des jeunes adultes, sans cloisonnement".

Des pédocriminels largement sur les réseaux sociaux 

En France, depuis l'été 2022, une loi prévoit d'imposer aux sites d'obtenir l'autorisation des parents pour que les moins de 15 ans puissent s'inscrire. Le gouvernement espère que le décret d'application de cette loi sera publié "au premier semestre 2024", selon le ministère de l'Enfance.

Les pédophiles utilisent largement les réseaux sociaux. Instagram, filiale de Meta, est la principale plateforme utilisée par des réseaux de pédocriminels pour vendre des contenus montrant des agressions sexuelles sur mineurs, selon un rapport de l'université de Stanford et du Wall Street Journal (WSJ) publié en juin 2023.

Les algorithmes d'Instagram et les recommandations de contenus facilitent la vente de ces contenus pédopornographiques, soulignent les chercheurs. D'après le WSJ, une simple recherche avec des mots-clefs débouche sur des comptes qui proposent ces contenus. Contacté par l'AFP, Meta a répondu qu'il "travaille avec acharnement pour lutter contre ce fléau et en débarrasser nos plateformes".

Le nouveau règlement européen DSA (Digital services act), qui s'applique à partir de vendredi aux grandes plateformes, doit améliorer la signalisation des contenus illicites et pousser les plateformes à les retirer rapidement. Mais le principe reste que les plateformes ne sont pas responsables de leurs contenus si elles n'en ont pas connaissance.