Sur la lourde porte d’entrée de cette ferme souterraine baptisée "Bunker comestible" à Strasbourg, un vieil écriteau avertit : "Défense absolue de fumer." Et la raison de sa présence est assez limpide. A l'intérieur, des inscriptions en allemand sur les murs indiquent que ce bunker est une fortification construite lorsque la ville était allemande à la fin du 19ème siècle.
©Arthur Helmbacher / Europe 1
Une ancienne poudrière transformée en ferme. "L'endroit où on est, c'était l'endroit où était stockée la poudre, c'est une poudrière", explique Raphaël, le co-gérant du "Bunker comestible". Cet endroit a eu un "usage militaire, même quand l'Alsace est redevenue française" : "Il y a eu une garnison et certains Alsaciens m'ont dit qu'ils ont fait leur service militaire ici."
Désormais, ce sont des jeunes pousses, des pleurotes (champignons) et des endives qui ont pris la place de la poudre et sont cultivées sous-terre, en plein centre-ville de Strasbourg. Ces produits sont ensuite vendus à des grossistes bio, des AMAP (Association pour le Maintien d'une Agriculture Paysanne, ndlr) ou encore des restaurateurs.
Des produits locaux, bio et livrés à vélo. Parmi ces derniers, Clara, qui tient un petit restaurant du centre-ville, est particulièrement séduite par les jeunes pousses : "C'est merveilleux ! C'est un exhausteur de goût, par exemple sur le tartare de bœuf, le poisson, sur les salades... Mon cheval de bataille, c'est le produit local. Là, pour le coup, c'est strasbourgeois, bio, livré à vélo donc pas d'empreinte carbone. Je suis une femme heureuse !". Aujourd'hui, la demande dépasse les capacités de production du "Bunker comestible", qui se sent un peu à l'étroit et qui va prochainement réaménager les 200 mètres carrés dont il dispose sous-terre.