SUD-Rail a dénoncé jeudi un "fichage" par un établissement de la SNCF des cheminots actifs sur les réseaux sociaux "en dehors de toute déclaration à la Cnil", la Commission nationale informatique et libertés.
Se basant sur un mail du 17 avril dernier d'un responsable de l'Établissement Traction Nord Parisien (ETNP) du groupe, SUD-Rail accuse, dans un communiqué, la direction d'être "prête à constituer des listes d'agents en dehors de toute déclaration à la Cnil et à porter atteinte aux libertés individuelles des cheminots". "Dans quel but ?" demande le syndicat.
"Une initiative locale maladroite", selon la direction. La direction du groupe a assuré de son côté qu'"il s'agit d'une initiative locale maladroite qui visait à constituer une communauté d'agents actifs sur les réseaux sociaux dans le but de favoriser l'échange sur l'actualité de l'entreprise et de la région de Paris Nord". La SNCF "a le plus grand souci de respecter le cadre législatif en la matière et notamment les prescriptions de la Cnil. Un guide de sensibilisation des agents à l'usage des réseaux sociaux a d'ailleurs été diffusé en 2017 visant à expliquer les règles d'usage dans ce domaine", a ajouté un porte-parole.
Dans le mail reproduit par SUD-Rail, le responsable de l'ETNP explique que "pour avoir une meilleure visibilité sur les réseaux sociaux", il a été décidé de "constituer une base de données des agents de l'ETNP qui sont actifs sur les réseaux sociaux". Un tableau joint au mail demande de renseigner les noms, prénoms, fonctions, pseudos des agents, le nom des réseaux auxquels ils participent, avec une case de commentaire. "Ficher les agents, c'est illégal. J'imagine que ça répond à une consigne nationale", a réagi Fabien Dumas, secrétaire fédéral de SUD-Rail.
"La censure est en marche". Le syndicat soupçonne la direction de vouloir avec un tel fichier "museler la contestation" contre la réforme de la SNCF en établissant "une liste des bons et mauvais agents". "La censure est en marche !", accuse le syndicat, qui "encourage les salariés et plus particulièrement l'encadrement" de la SNCF "à refuser et dénoncer ces pratiques d'un autre âge".