Depuis qu'il a commencé ses études supérieures, Théo, 18 ans, a dû quitter sa Haute-Savoie natale pour la région parisienne, plus précisément Créteil, dans le Val-de-Marne. Face aux prix des locations aux abords de la capitale, il s'est tourné vers la colocation via une association, Le Pari Solidaire, qui l'a mis en relation avec un couple de personnes âgées. Depuis un mois, il vit au dernier étage de leur maison, avec une femme de 40 ans, sa colocataire. Il témoigne de son expérience au micro d’Olivier Delacroix, vendredi, sur Europe 1.
"Comme tout le monde, je cherchais un logement via internet et les agences immobilières. Et quand je voyais que je devais payer 700-800 euros pour un studio, ça m'a effrayé : je me suis donc tourné vers l'association Le Pari Solidaire. Après un entretien avec eux et le couple de personnes âgées, j'ai emménagé chez eux. [...] Au-delà de l'aspect financier de la colocation, c'est intéressant d'avoir des gens d'expérience qui peuvent nous aiguiller sur la vie parisienne, nous conseiller. L'aspect économique ne fait pas tout, l'aspect humain est très important.
J'occupe le dernier étage de la maison avec une colocataire, et eux n'ont quasiment pas accès à cette partie du bâtiment. Avec ma colocataire, on déjeune ensemble, on partage beaucoup de choses, ça se passe très bien. C'est une expérience humaine super enrichissante, surtout quand ce sont des personnes plus âgées : on apprend pleins de choses. Mais c'est vrai qu'on ne se voit pas énormément entre les 'jeunes' et 'les personnes âgées', on se croise de temps en temps, on déjeune parfois ensemble.
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Quand on est habitué à vivre en groupe, la colocation c'est l'idéal. Et puis on peut toujours avoir sa chambre, son espace d’intimité, on ne partage pas tout non plus, chacun a ses activités. Mais le fait de se retrouver le soir avec quelqu'un, c'est rassurant : lorsqu'on arrive seul à Paris, on est un peu perdu. Là, on a quelqu'un avec qui discuter, échanger. La période d'adaptation à cette vie parisienne se fait plus facilement que si on était seul dans un studio ou une résidence universitaire.
L'avis de Monique Eleb, psychologue et sociologue, spécialiste des modes de vie.
"Au-delà de l'aspect financier, on voit que la question de la solitude prend de plus en plus de place dans le choix d'une colocation, et elle touche tous les âges. On est désormais dans cette perspective de lutter en ville contre cet enfermement chez soi, si on est mal ou pas assez intégré. Et c'est vrai qu'habiter avec d'autres, pour les jeunes, c'est très souvent une expérience sociale.
La colocation, c'est l'idée de pouvoir vivre une vie de famille avec les gens avec lesquels on n'a pas de liens amoureux. C'est un mode de vie inhabituel, parce qu'en France, la structure de la vie quotidienne est tout de même un couple amoureux.