"La liberté de la presse n'a pas de prix, sans elle c'est la dictature". Sur Twitter, lundi, Emmanuel Macron a jugé "parfaitement inacceptable" que des affiches de l'hebdomadaire Le Point présentant le président turc Erdogan comme un "dictateur" soient retirées des kiosques de presse par ceux qu'il a qualifiés "d'ennemis de la liberté". Car la scène s'est produite samedi au Pontet dans le Vaucluse, mais aussi à Valence dans la Drôme.
Des menaces. A 6h, samedi, Eric ouvre son kiosque lorsque deux hommes se présentent à lui très mécontents des Unes du Point affichées sur le façade du kiosque. "Ils m'ont agressé en me disant qu'il fallait impérativement les enlever. Ils m'ont dit que ce n'était pas un dictateur, que ce que disait la France était des conneries. Je leur ai dit que c'était hors de question que j'enlève les affiches, qu'en France il existe la liberté de la presse. Il m'a dit ne vous inquiétez pas on va revenir", détaille le commerçant. A 11h du matin, les hommes reviennent plus nombreux, à quatre, et continuent à mettre la pression sur le kiosquier, qui ne cède pas. A 18h, ils se présentent cette fois à dix et menacent de détruire le bâtiment. Le kiosquier s'exécute alors et retire les trois affiches.
"On en veut à la Turquie". Une action choquante qui pourtant est approuvée par l'un des membres de l'association culturelle franco-turque de Valence : "Ils ont tout à fait raison. Ils essayent de soutenir leur président. On en veut à la Turquie c'est tout. C'est une grande puissance qui gêne certains pays. On peut s'exprimer mais pas dépasser les limites", estime-t-il au micro d'Europe 1.
Mourad Ghazli, influenceur sur les réseaux sociaux qui appelle au boycott de l'hebdomadaire, est du même avis : "Les Turcs se sentent concernés, lui qui est mon président on le traite de dictateur, ce n'est pas la liberté d'expression. La liberté d'expression s'arrête là où la loi commence, c'est-à-dire l'injure et la diffamation", argue-t-il.
"C'est une pratique de dictature". Des propos insupportables pour Étienne Gernelle, le directeur du Point. Il voit même dans ce discours une justification du titre de son journal : "Erdogan, c'est un dictateur. Arracher les affiches c'est une pratique de dictature. On a fait un papier sur les réseaux d'Erdogan en France, on voit qu'ils sont très bien organisés et très réactifs. Ils ne font que confirmer ce qu'on a écrit", pointe-t-il.
Pas de plainte pour l'heure. Aucune plainte n'a pour le moment été déposée par le kiosquier de Valence, ni par le magazine. Mais les soutiens du président turc en France assurent qu'ils demanderont un droit de réponse.