C’est une révolution que vient d’entériner l’assureur Aviva pour ses 4.300 salariés en France (et dans quatre autres pays, le Royaume-Uni, l’Irlande, le Canada et Singapour). Dorénavant, chaque salarié, qui attend un enfant pourra bénéficier d’un congé de parentalité de dix semaines avec exactement le même salaire. Une grande première dans l’hexagone.
Tous les droits conservés pendant cette période
Le congé de parentalité est destiné au parent partenaire (ça peut donc concerner le papa mais aussi tous les parents partenaires). Pendant ces dix semaines, le salarié d’Aviva France conservera l’intégralité de ses droits dont il bénéficie normalement en situation de travail effectif (même rémunération, congés, RTT, ancienneté et protection sociale). "Cet accord est un accord inclusif, précise Myriam Saunier, DRH d’Aviva. Il concerne donc également les adoptions".
Pour bien se rendre compte de cette immense avancée proposée par cette société, il suffit de rappeler la règle dans toutes les autres entreprises. Comme le stipule le Code du Travail, le papa ou le parent partenaire bénéficie d’un congé de paternité de… 11 jours calendaires (intégrant week-ends et jours fériés). Ce congé se rapproche en fait du congé parental prévu par la loi (qui peut être d’un an), à cette différence près que le salarié n’est pas rémunéré pendant son congé parental.
"Supprimer les barrières inconscientes à l’embauche"
"En instaurant ce congé de parentalité, nous avons souhaité promouvoir l’égalité professionnelle en supprimant les barrières inconscientes qui peuvent se manifester au moment d’une embauche ou d’une promotion et qui peuvent discriminer les femmes, qui pourraient s’absenter en raison d’un congé maternité", avance Anne-Sophie Curet, en charge des relations humaines et de la communication chez Aviva France.
Chaque année, Aviva France accorde un congé de parentalité à une cinquantaine de ses salariés. "Le sujet n’est pas tant de savoir ce que ça va nous coûter mais ce qu’on peut apporter à nos collaborateurs", assure la DRH Myriam Saunier. "Le but est clairement d’attirer des talents". Dans la gestion des effectifs, Aviva explique que ces salariés qui bénéficieront de ce congé de parentalité de dix semaines ne seront pas forcément remplacés – ou par des collègues qui voudraient tester un nouveau poste.
"Une mesure inespérée"
Thibaut de Saint Simon sera justement le premier salarié chez Aviva, et en France donc, à bénéficier de cette mesure exceptionnelle. "Une mesure inespérée" alors que son épouse attend des jumeaux. "Pour notre première fille, j’avais posé une semaine de congés en plus", nous raconte-t-il. "En sachant qu’on allait avoir des jumeaux, on angoissait pas mal avec ma femme à l’idée de gérer ces arrivées, mon travail, les aides possibles,… Et là, j’apprends que je vais avoir dix semaines !"
"C’est vraiment génial de pouvoir profiter de cet instant magique avec ces deux bébés", se réjouit ce jeune papa. "On va pouvoir mieux se serrer les coudes avec ma femme. Et clairement, on ne sera pas trop de deux pour gérer l’arrivée de nos jumeaux".
Au-delà de sa situation personnelle, Thibaut se rend compte de l’évolution pour la situation des pères. "J’ai l’impression que, pour un homme, prendre l’intégralité de son congé parental, ce n’était pas toujours si répandu avant", regrette-t-il. "Le fait de nous dire qu’il faut aller plus loin que ce congé de paternité, ça repositionne l’homme au sein du foyer", conclut-il.