"Treize mètres, c'est ce qui vient de lui sauver la vie en roulant à 80 km/h" : un nouveau clip sera diffusé dès dimanche par la Sécurité routière pour promouvoir l'abaissement de la vitesse au 1er juillet, critiqué par des élus et des associations. Malgré des mois de contestation, de manifestations de motards et d'automobilistes et de débats politiques, le décret d'application du passage de 90 à 80 km/h de la limitation de vitesse sur 400.000 kilomètres de routes secondaires a été publié dimanche, et entrera en vigueur au 1er juillet.
"On va pouvoir freiner beaucoup plus vite". Selon une étude présentée par la Sécurité routière mercredi, un automobiliste gagne 13 mètres en distance de freinage lorsqu'il roule à 80 km/h, contre 90 en vigueur actuellement sur des routes bidirectionnelles sans séparateur central. "C'est parce que la vitesse moyenne aura diminué qu'on va éviter tout une série d'accidents, parce qu'on va pouvoir freiner beaucoup plus vite", a rappelé lors d'une conférence de presse mercredi le Délégué interministériel à la sécurité routière, Emmanuel Barbe. En outre, la même étude relève que le temps perdu sur un même trajet de 39 km entre un véhicule roulant à 90 km/h et un autre à 80 km/h, ne représente qu'1 minute et 32 secondes.
Nouvelle campagne de la Sécurité routière : sur la route, 13 mètres, c’est ce qui peut vous sauver la vie. pic.twitter.com/3OrfeAn3ek
— Sécurité routière (@RoutePlusSure) 20 juin 2018
Recours déposé. Deux associations d'automobilistes - la Ligue de défense des conducteurs (LDC) et l'Automobile club des avocats - ont déposé lundi au Conseil d'État un recours en annulation contre la mesure. Selon Pierre-Olivier Cavey, directeur des études et des campagnes à la LDC, cet abaissement de la vitesse "rompt le principe d'égalité entre les territoires ruraux et urbains"."Une mesure qui vise à épargner le maximum de vies dans les ruralités ne peut être une mesure anti-rurale", a répliqué Emmanuel Barbe. Des politiques se sont également joints à la contestation comme Jean-Christophe Lagarde (UDI), signataire du recours, qui a dénoncé mercredi le "centralisme" et le "parisianisme" de la méthode. Conscient du tollé qu'il allait susciter, le Premier ministre Édouard Philippe s'est toujours dit "prêt à assumer l'impopularité" de cette disposition qui permettra, selon lui, de sauver 300 à 400 vies par an.
La Creuse fera la grève des panneaux. Le conseil départemental de la Creuse, opposé à la limitation de la vitesse à 80 km/h sur les routes secondaires, a fait savoir mercredi qu'il ne ferait rien pour changer les panneaux de signalisation et laisserait l'opération entièrement à la charge de l'Etat. La présidente du département, Valérie Simonet (LR), considère que la réforme "va contribuer à l'enclavement du département" et refuse de participer à l'installation de panneaux. "En l'absence de concertation, que l'Etat se débrouille", a-t-elle ainsi lancé au micro de France Bleu Creuse.