Le dossier grec avance à grands pas. Après Athènes, qui annonçait mardi matin avoir "trouvé un accord" sur un troisième plan d'aide au pays, la Commission européenne a confirmé en milieu de journée qu'un "accord de principe" avait été trouvé. Ce nouveau plan d'aide, le troisième depuis 2010, porte sur environ 85 milliards d'euros et doit permettre à la Grèce d'éviter un défaut de paiement. Il doit néanmoins être complété par un accord politique, c'est-à-dire une validation par les parlements ou les chefs d'Etat des pays concernés.
• De quel accord parle-t-on ? Lorsque la Grèce était au bord du défaut de paiement et menacée d'une sortie de la zone euro, début juillet, Athènes et ses créanciers ont entamé des discussions pour un nouveau plan d'aide. Mais une fois l'accord politique trouvé, il reste à le transformer en accord détaillé, c'est-à-dire passer des grands principes aux objectifs détaillés chiffrés ? La Grèce et ses créanciers (UE, BCE, FMI, Mécanisme européen de stabilité) négocient donc depuis deux semaines sur les aspects techniques et financiers de ce nouvel accord. Et ont donc réussi à s'entendre dans la nuit de lundi à mardi.
Pour rappel, les grandes lignes de l'accord trouvé mi-juillet sont les suivantes : totalement surendettée et sans croissance, Athènes n'a pas assez d'argent pour rembourser les prêts qui lui ont été accordés depuis 2010 au plus fort de la crise de la dette au sein de la zone euro. Ses créanciers ont donc accepté le principe de nouveaux prêts mais ont fixé des conditions de plus en plus précises pour verser cet argent : une nouvelle série de réformes et de coupes budgétaires censées permettre au pays de se relancer et de se moderniser. Ce sont ces négociations qui étaient dans leur dernière ligne droite.
• Que prévoit le nouvel accord ? Il précise les grandes lignes fixées fin juillet, à savoir une série de réformes et des plans d'économies, sans oublier une poursuite des privatisations. Selon le quotidien Kathimerini, la Grèce a dû s'engager, pour arracher l'accord, à mener immédiatement 35 réformes allant d'un changement sur les taxes à la tonne pour les compagnies maritimes, à la réduction du prix des médicaments génériques, en passant par le renforcement de la lutte contre la délinquance financière ou la dérégulation du secteur de l'énergie.
Autre point décisif, les objectifs budgétaires. Initialement, les créanciers espéraient que les réformes engagées relancent l'activité et la croissance, permettant à l'Etat d'encaisser des revenus en hausse. Sauf que la Grèce a vu sa consommation intérieure chuter et qu'elle est actuellement en pleine récession. Dans ces conditions, l'Etat va avoir du mal à encaisser plus d'argent qu'il n'en dépense. Athènes et ses créanciers ont donc convenu que le cadre budgétaire initialement prévu était irréaliste et qu'il fallait le modifier. Ainsi, alors qu'il était prévu que le gouvernement grec réalise 1% d'excédent primaire (solde du budget hors remboursement de la dette) en 2015, il est désormais question d'un déficit primaire de 0,25% cette année. Et ainsi de suite pour les prochaines années.
• Il reste plusieurs points à régler. Comme souvent dans ce genre de négociations, le diable se cache dans les détails. Or, plusieurs détails restaient encore à régler : l'utilisation du fonds de privatisation souhaité par les créanciers du pays, le sort des créances douteuses qui pèsent sur le bilan des banques du pays ou encore l'épineuse question de la dette, qu'Athènes souhaiterait effacer partiellement. Sans oublier une dernière condition, et pas des moindres : que cet accord soit ensuite validé par les ministres de finances des membres de la zone euro et par les parlements nationaux des pays où leur feu vert est indispensable. C'est notamment le cas de l'Allemagne et de la Finlande, deux Etats dont l'opinion publique est très remontée sur le sujet, et bien sûr de la Grèce.
• La prochaine échéance : le 20 août. Si les négociations se sont intensifiées au cœur de l'été, c'est que le temps presse : Athènes doit rembourser plus de trois milliards d'euros à la BCE le 20 août, puis 1,5 milliard au FMI en septembre. Or, selon toute vraisemblance, Athènes ne dispose pas de cette somme et doit donc s'entendre avec ses interlocuteurs.
Selon le site d'information in.gr, le gouvernement a l'intention, une fois qu'il serait parachevé, de soumettre l'accord au Parlement dès mardi après-midi, avec l'objectif d'un vote jeudi. Dans ce cas, l'Eurogroupe serait en parfaite position pour acter tout cela vendredi, un calendrier idéal pour que la Grèce puisse recevoir à temps de quoi payer la BCE le 20 août, sans prêt-relais.