Depuis la mise en place des mesures de confinement, la consommation d'électricité est en recul en France de 12%, notamment à cause de la mise en arrêt de nombreuses entreprises. Conséquence, le pays se retrouve avec trop d'électricité sur les bras, ce qui entrainera dimanche un prix d'achat négatif pour les professionnels.
Conséquence du confinement, la consommation d’électricité recule de 12 %. Du coup, on se retrouve avec trop d’électricité, et elle devrait même afficher un prix négatif dimanche. Ça veut dire quoi un prix négatif de l’électricité ?
Dimanche dernier, le prix du Mégawattheure est tombé à - 20 euros. Ça veut dire qu’on vous donne de l’argent en plus du produit. Ça parait fou. Imaginez un prix négatif de l’essence. Tout le monde irait remplir des bidons d’essence, et se ferait payer pour ça.
La grande différence avec l’électricité, c’est que justement, ça ne se stocke pas. Et donc, par moment, quand le réseau est en excédent, en surtension, il faut absolument évacuer le trop plein d’électricité – s’en débarrasser – et donc, les producteurs sont prêt à payer pour cela. C’est comme ça qu’on peut avoir ponctuellement un prix de l’électricité négatif. Malheureusement, ça ne concerne pas les particuliers. On parle là de prix sur les marchés, réservés aux professionnels.
Mais, s’il y a trop d’électricité, pourquoi n’arrive-t-on pas à réduire la production ?
C’est très compliqué, surtout en France. On a des centrales nucléaires qui ne sont pas très souples. Et puis surtout, maintenant, on a les éoliennes et les centrales solaires qui sont des énergies dites prioritaires. Quand elles produisent, EDF est obligé d’acheter. Donc, effectivement, quand la consommation est faible, on se retrouve avec un trop plein d’électricité. Ecoutez, on ne va pas s’en plaindre. C’est plutôt rassurant en ces temps de confinement, on se dit qu’on ne risque pas la panne de courant.
D’autant que l’électricité apparait comme un bien essentiel, à l’hôpital bien sûr, mais aussi chez soi pour faire fonctionner nos ordinateurs et nos téléphones portables.
Exactement, c’est même l’un des faits marquants de cette crise. L’électricité apparait comme l’énergie reine, ce qui n’a pas toujours été le cas. En mai 68, par exemple, il y avait un stress sur l’essence. Chacun allait à la station faire le plein de sa voiture perçue, à l’époque, comme symbole de la liberté, et qui permettait de s’évader.
Aujourd’hui, l’outil essentiel, ça n’est plus la voiture, c’est l’ordinateur, le téléphone portable. Et un téléphone portable, ça fonctionne à l’électricité. C’est un symbole fort. Le XXe siècle était mécanique et fonctionnait au pétrole. Le XXIe siècle est numérique et il fonctionne à l’électricité.
C’est pourquoi d’ailleurs les pétroliers - tout doucement - sont en train de changer de cheval, en matière d’énergie. Ils passent du pétrole à l’électricité. A commencer par Total qui investit dans le solaire, l’éolien, les batteries. C’est Patrick Pouyanné, le patron de Total, qui explique que "L’électricité est l’énergie du XXIe Siècle".