Une sortie de crise est-elle envisageable à Hong Kong ? La mégapole traverse sa plus grave crise politique depuis sa rétrocession en 1997, avec deux mois de protestations et de manifestations prodémocratie. Lundi, des protestataires sont descendus dans plusieurs stations clés du réseau pour bloquer les portes des métros, paralysant le trafic pendant plusieurs heures. Depuis le début de la contestation, 420 personnes ont été arrêtées. Invité mardi d'Europe 1, Stéphanie Balme, directrice de recherche au CERI, craint un durcissement du conflit de la part de Pékin, mais note qu'une démission de la chef de l'exécutif Carrie Lam pourrait "apaiser les milieux d'affaires et la situation".
ON DÉCRYPTE -Comprendre la crise à Hong Kong en cinq points
Si le mouvement est né début juin du rejet d'un projet de loi qui devait permettre d'autoriser les extraditions vers la Chine, le texte a depuis été suspendu et la contestation s'est élargie à des revendications en matière de démocratie et à la dénonciation d'un recul des libertés à Hong Kong. "Le projet de loi sur l’extradition a eu un effet de catalyseur", confirme Stéphanie Balme, et "augmenté la vitesse du phénomène de réaction face à la Chine".
Dans l'histoire de Hong Kong, explique-t-elle, "on remarque très régulièrement des manifestations très importantes qui se portent toutes autour de revendications très précises : un souhait de démocratisation, d'obtention du suffrage universel direct, de la liberté de candidature, de sécurité juridique pour le monde des affaires, de lutte contre les inégalités, ainsi que le respect de la culture proprement hongkongaise".
"Une escalade de la violence tout à fait étonnante"
Mais la situation actuelle est inédite dans son ampleur, et Stéphanie Balme constate "une escalade de la violence et des risques tout à fait étonnante", depuis le mois de juin. Les autorités ont ainsi annoncé avoir tiré plus d'un millier de grenades lacrymogènes et 160 balles en caoutchouc depuis le début de la contestation, et précisé que 420 personnes avaient été arrêtées et 139 policiers blessés.
Pour Stéphanie Balme, il est "très difficile d'imaginer la suite" du mouvement. Mais, la chercheuse évoque trois sorties de crise possibles. Tout d'abord, un "durcissement de la part de Pékin", ce qui signifierait une "déclaration de la loi martiale, avec un système d'Etat judiciaire d'exception, et l'armée populaire qui viendrait remplacer la police pour maintenir l'ordre". Une autre option serait la démocratisation de Hong Kong, c'est à dire, "l'acceptation par le gouvernement chinois de toutes les revendications des manifestants". Enfin, une situation intermédiaire serait "la démission de la cheffe de l’exécutif Carrie Lam, pour apaiser les milieux d'affaires et la situation".