Nouvelle bougie pour le sapeur Camember

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Le n°9 du journal à parution quadriennal sort aujourd'hui dans les kiosques français.

Contrairement aux personnes nées le 29 février, La bougie du Sapeur ne vieillit vraiment qu’une fois tous les quatre ans. Avec son tirage quadriennal – le n°9 sort ce mercredi –, ce pastiche humoristique de la presse française affiche depuis plus de trente ans une excellente santé.

Jacques Debuisson, le fondateur de La Bougie, se rappelle précisément de son lancement, "en novembre 1979, dans un bistrot des Halles". "J'ai proposé a Christian Bailly, fanatique de journaux et qui voulait fonder le musée de la Presse, de lancer un journal qui ne paraîtrait que les années bissextiles", se remémore-t-il pour l'AFP.

"Le titre La Bougie du Sapeur m'est venu instantanément, car j'avais baigné toute ma vie dans l'univers des personnages de Christophe", poursuit-il. Biologiste de métier, Christophe fut l'un des précurseurs de la bande-dessinée en France à la fin du XVIIIe siècle. Le Sapeur Camember, son personnage phare, est un soldat maladroit et naïf dont les histoires prêtes à sourire. Le vieil homme fumant à la barbe blanche qui figure en Une de La Bougie depuis le premier numéro est né un 29 février, d'où La bougie du Sapeur….

De 8.000 à 210.000 exemplaires

Le n°1 est imprimé à 8.000 exemplaires et distribué dans les kiosques le 29 février 1980. Les stocks de cette première bougie fondent en quelques heures. "Huit jours après, les fournisseurs réclamaient un réassort", sourit aujourd'hui Jean d'Indy, l'homme qui a pris le relais de Jacques Debuisson avec ses amis à partir de 1992. Finalement, 30.000 exemplaires ont été vendus pour le premier numéro.

Par la suite, le succès n'a cessé de croître. 120.000 ventes pour le numéro 2 en 1984 et 150.000 pour le dernier, en 2008. Quatre ans plus tard, Jean d'Indy espère battre un nouveau record avec 210.000 exemplaires imprimés.

La Une du n°9 de La Bougie du Sapeur :

bougie du sapeur

© D.R.

"Pastiche du Figaro"

Alors comment définir ce journal ? "C'est le pastiche d'un quotidien traditionnel, avec les mêmes rubriques que Le Figaro par exemple", tente de résumer Jean d'Indy. Economie, politique, sports, La bougie parle de tout, mais différemment. "Le ton se veut humoristique, pas caustique ni méchant", note le rédacteur en chef.

"On aurait pu le faire, mais le créneau est déjà pris", poursuit-il en faisant allusion au Canard enchaîné, un journal qui vit comme lui de ses propres revenus, sans publicités et avec une liberté totale.

Côté organisation, la parution quadriennale demande d'y consacrer une partie de cerveau à temps complet. "On y pense tous les jours, toute l'année. Dès qu'on voit une info marrante, on la note, et on l'empile dans un coin de bureau. Six mois avant la parution, vers septembre-octobre, on défriche".

L'euro, le demi de bière et DSK cette année

Tous les sujets ont leur place dans La Bougie, dès lors qu'ils sont traités sur un ton humoristique. Dans le numéro 9, à paraître ce 29 février, on retrouvera des propositions improbables pour sortir de l'euro, et une campagne de sensibilisation pour que "le demi de bière redevienne enfin ce qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être : un demi !", annonce la Une de La Bougie du Sapeur.

Dans les manchettes de tous les journaux depuis près d'un an, Dominique Strauss-Kahn aura droit à quelques lignes également. La question de son immunité diplomatique est posée, avec celle du pape.

Une bande de copains bénévoles

Pour accoucher de ces 20 pages, Jean d'Indy s'entoure d'une bande de copains. Journalistes ou pas, ils sont tous logés à la même enseigne : la collaboration est bénévole. "Le seul avantage d'écrire pour nous, c'est que les conférences de rédaction se font dans des grands restaurants parisiens, avec du bon vin". Le journal libertin paye en nature.

Le modèle économique de La bougie du Sapeur est viable. Le prix – 4 euros – "n'a pas bougé depuis l'an 2000", fait remarquer Jean d'Indy. "C'est un prix qui me plaît, ça fait un euro par an". Si l'on va plus loin, La Bougie coûtait 20 francs en 1988, ce qui fait à peine un euro de hausse en 24 ans !

Aider une association

L'idée n'est de toute façon pas "de faire du business". Editeur de presse est une activité annexe pour cet entrepreneur patron d'une boîte spécialisée dans l'événementiel et par ailleurs vice-président de France Galop, qui organise les courses de chevaux en France.

"A chaque numéro, nous mettons de côté de quoi imprimer le numéro suivant", ce qui permet, en cas de gros flop une année, de continuer à éditer La bougie. "Le reste, on le donne à l'association 'à tire d'aile', une association d'enfants autistes. Il y a quatre ans, on leur avait fait un chèque de 10.000 euros".