Sécurité : Sarkozy poursuit sa "guerre"

© REUTERS
  • Copié
Karine Lambin (avec agences) , modifié à
Pour lutter contre l’insécurité, il brandit notamment la déchéance de la nationalité.

Immigration, peines planchers, vidéosurveillance, effectifs de police et allocations familiales. Le président de la République, Nicolas Sarkozy, a tenu un discours très ferme vendredi sur l'insécurité à Grenoble. Il a réaffirmé sa volonté de faire la "guerre aux trafiquants et délinquants", avant d'égrainer une série de mesures spectaculaires comme la déchéance de la nationalité pour certains criminels d'origine étrangère. Il a imputé une partie des problèmes d'insécurité de la France à une immigration "insuffisamment régulée", ce qu'il n'avait jamais fait jusqu'ici, du moins aussi nettement.

Déchéance de la nationalité française

Nicolas Sarkozy a proposé de déchoir de la nationalité française toute personne d'origine étrangère qui porterait volontairement atteinte à la vie d'un policier ou d'un gendarme. Le chef de l'Etat a souhaité aussi "que l'acquisition de la nationalité française par un mineur délinquant au moment de sa majorité ne soit plus automatique".

En France, la procédure de déchéance de la nationalité est rare. Une ou deux mesures sont prises chaque année. Elle a surtout été utilisée par le régime de Vichy contre les Juifs. Brice Hortefeux avait demandé à Eric Besson d’étudier la question au sujet du conjoint de la femme arrêtée voilée au volant.

Brandir cette menace pour les Français d’origine étrangère seulement est une notion nouvelle qui n’existe pas dans le droit français. Le chef de l’Etat n’a pas précisé jusqu'à quelle génération et pour quels pays d'origine cela pourrait s'appliquer.

Rue 89 a relevé que sa position de vendredi était à l'opposé de son essai La République, les religions, l'espérance paru en 2004. "A chaque délit, à chaque crime, il doit y avoir une réponse pénale ferme. Mais celle-ci ne peut varier selon que l'on est, sur sa carte d'identité, Français ou non", écrivait-il après avoir passé deux ans au ministère de l'Intérieur.

Peines planchers

Nicolas Sarkozy a annoncé sa volonté d'étendre dès la rentrée parlementaire de septembre les peines planchers "aux auteurs de violences aggravées", et plus aux seuls récidivistes comme c'est le cas actuellement. "L'instauration d'une peine de prison incompressible de 30 ans pour les assassins de policiers ou de gendarmes sera discutée au Parlement dès la rentrée", a-t-il aussi dit.

Allocations

Le président souhaite que l'on "évalue les droits et prestations auxquelles ont aujourd'hui accès les étrangers en situation irrégulière".

Police et FISC à Grenoble

Le chef de l’Etat a annoncé l'envoi de 38 policiers supplémentaires à Grenoble et l'arrivée "dans les jours qui viennent" de brigades spécialisées pour appréhender rapidement les délinquants : GIPN, Raid et Brigade de recherche et d'intervention (BRI). Des agents du fisc se rendront également sur place pour examiner le patrimoine des suspects. La vidéoprotection sera également étendue.

Opération séduction pour ses électeurs

En mêlant insécurité et immigration, Nicolas Sarkozy, au plus bas dans les sondages de popularité et en quête d'un nouveau souffle à 21 mois de l'élection présidentielle de 2012. Il a ainsi empiété sur un terrain qui est traditionnellement, en France, celui du Front national et de l'extrême droite.