Pour l'écrasante majorité des 304 députés La République en Marche (LREM), ce mandat parlementaire est le premier. Mais sera-t-il mené jusqu'au bout ? À six mois des municipales, entre lassitude de certains élus et travail parlementaire parfois frustrant, Europe 1 a voulu savoir combien étaient tentés de quitter l'Assemblée pour devenir maires.
Le sentiment d'un mandat plus "concret"
Sur 304 députés, 279 nous ont répondu, soit 90% du groupe. Parmi eux, 27 députés ont très envie de devenir maires, et 23 se donnent jusqu'à la fin du mois pour décider d'être tête de liste ou non. Au global, cela donne donc 18% des membres de la majorité à être tentés par une mairie.
Avec le non cumul des mandats, ceux qui seront élus ne pourront pourtant pas rester députés. Alors pourquoi vouloir changer de mandat ? Pour se sentir plus utile. "Quand vous votez une loi, ce n'est quand même pas du concret", pose ainsi Patrick Vignal, en lice à Montpellier. "Alors que le travail de maire, c'est comme un maçon qui monte un mur. Le soir, quand vous avez monté votre mur, vous êtes fier de vous ! Quand j'ai voté une loi, le temps du décret et de l'application, c'est cinq ans après. Le plus beau des mandats, c'est d'être maire."
"Je préfère laisser les paillettes pour aller sur le terrain !"
Plusieurs partagent cette frustration d'être parlementaires. Un député le dit sans détour : "Je m'ennuie à l'assemblée. On auditionne toujours les mêmes gens, je ne suis pas dans le premier cercle d'Emmanuel Macron, donc je n'ai aucune influence, aucune mission intéressante". L'une de ses collègue abonde : "On n'est pas là pour faire la loi mais juste l'amender. Le président et le premier ministre méprisent le rôle de parlementaire. Je préfère laisser les paillettes pour aller sur le terrain !"
Un autre élément pèse dans la balance : avec la future réforme des institutions, il y aura 144 députés en moins. Certains peuvent donc être tentés d'anticiper.
En finir avec les critiques d'une majorité "hors sol"
Mais en mars, les maires ne seront pas les seuls élus : chaque commune renouvellera aussi son stock de conseillers municipaux. Les députés à vouloir en être sont nettement plus nombreux : 88 marcheurs comptent bien figurer sur la liste de leur ville, et 85 ne l'excluent pas. Deux tiers du groupe intégreront donc peut-être un conseil municipal.
"On a un procès en illégitimité, parce qu'on n'a pas gravi tous les échelons comme les anciens députés le faisaient", justifie Perrine Goulet, députée de la Nièvre qui se présentera dans sa commune de Marzy. "Donc on va faire les choses à l'envers, on aura été député et on sera conseiller municipal après. Je pense que c'est une corde en plus à l'arc pour pouvoir mieux travailler à l'Assemblée nationale." Preuve qu'en marche mise sur ces municipales pour s'ancrer vraiment sur le terrain, et en finir avec les critiques d'une majorité "hors sol".