Le rapporteur public du Conseil d'État s'est prononcé vendredi en faveur du rejet des appels formés par le ministère de l'Intérieur et la ville de Calais contre la mise en place de mesures d'aides aux migrants ordonnées par le tribunal administratif de Lille.
Rappel des libertés fondamentales. La plus haute juridiction administrative doit rendre sa décision en début de semaine. "Le droit à ne pas subir de traitements inhumains et dégradants constitue une liberté fondamentale qui ne saurait dépendre des choix politiques", a notamment estimé le rapporteur public qui a pour mission d'éclairer les juges et dont les conclusions sont généralement suivies.
La crainte de créer de nouveaux points de fixation à Calais. Saisi en référé par onze associations et une cinquantaine de migrants, le tribunal administratif de Lille avait écarté le 26 juin la création d'un nouveau centre d'accueil d'urgence pour les migrants à Calais, mais avait ordonné la mise en place de mesures pour leur venir en aide, comme la création de points d'eau et de sanitaires et un meilleur accès aux douches.
Le ministère de l'Intérieur et la ville de Calais ont fait appel, redoutant que les mesures ordonnées ne créent de nouveaux points de fixation conduisant à la réinstallation de campements sauvages, à l'image de la "Jungle", gigantesque bidonville apparu au printemps 2015 et démantelé en octobre 2016 par les autorités.
Des migrants qui errent dans Calais. Le nombre de migrants à Calais, actuellement entre 400 et 700 personnes selon une estimation citée par le rapporteur public, a beaucoup augmenté ces dernières semaines. "Aujourd'hui, il n'y a pas d'hébergement du tout, plus de tente, plus d'abri, pas de point de fixation. Les migrants sont éparpillés dans la ville et vont s'installer pour une nuit là où ils peuvent, dans un coin de rue, un parc", a expliqué à la presse Mehdi Dimpre, du collectif "le réveil voyageur" de Calais.
Ne pas se faire dépasser par le nombre. Emmanuel Macron a assuré jeudi qu'il n'y aurait plus de campement de rue "d'ici la fin de l'année". Avant lui, le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb avait affirmé fin juin que Calais ne devait plus être "un abcès de fixation". "On s'aperçoit que Sangatte est un hangar qui était fait pour 4 à 500 personnes et puis on arrive à 2.000, que la jungle, c'était pour 700 personnes et puis on finit à 7.000. Si on ne prend pas des dispositions pour éviter que progressivement il y ait des concentrations de personnes alors, ont est facilement débordé", avait-il commenté.
Ouvrir de nouveaux centre d'hébergement. De son côté, le défenseur des droits Jacques Toubon a critiqué le refus du gouvernement d'ouvrir de nouveaux centres d'accueil pour migrants, notamment à Calais.