Les trois femmes, soupçonnées d'avoir voulu commettre des attentats à Paris, ont été mises en examen lundi soir et écrouées. L'une des trois femmes était fichée S et avait été expulsée de Turquie, soupçonnée de vouloir partir en Syrie. Lundi matin, sur notre antenne, Hervé Mariton, candidat à la primaire de droite, rejetait la proposition de Nicolas Sarkozy de placer les fichés S en rétention administrative. Europe 1 fait le point pour savoir qui décide de la mise en place d'une fiche S et sur quelles bases.
Un signalement de l'étranger ou une demande des enquêteurs. La procédure est très encadrée. Les fiches S sont émises essentiellement par la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), mais aussi par la direction du renseignement de la préfecture de police (DRPP), le service central du renseignement territorial (SCRT), ou encore la sous-direction antiterroriste de la direction centrale de la police judiciaire (SDAT). Ces unités peuvent se baser sur un signalement transmis par un service de police étranger qui a par exemple repéré un ressortissant français qui semble partir ou revenir de Syrie. Mais le plus souvent, les fiches sont émises à la demande des enquêteurs de terrain, dans l'intérêt de leur enquête, quand ils sont au contact d'individus suspects, appartenant à la mouvance islamiste radicale, par exemple. Ils voient intervenir un individu dont le rôle est encore flou et par précaution et faute de pouvoir surveiller tout le monde en même temps, ils demandent une fiche S.
Une fiche S permet de repérer. La fiche précise la conduite à tenir par les forces de police, de gendarmerie et de douane en cas de contrôle (aux frontières ou simple contrôle routier). Les enquêteurs seront ainsi informés du lieu où se trouve la personne suspecte et des personnes qui l'accompagnent. Au bout de quelques temps, si la même personne est repérée plusieurs fois avec des individus de plus en plus suspects, cela montre qu'il faut vraiment s'intéresser à elle par le biais d'une enquête et d'une surveillance accrue.
De moins en moins de fiches S. Au départ, les fiches S servaient d'alarme en visant les personnes que l'on ne pouvait pas vraiment surveiller. Paradoxalement, aujourd'hui, avec l'exploitation politico-médiatique faite après chaque attentat, les policiers ont tendance à délivrer de moins en moins de fiches S pour qu'il ne leur soit pas reproché d'avoir utilisé cet outil sans pouvoir surveiller les suspects.