Grenelle des violences conjugales : "On peut faire baisser le nombre de féminicides en France, si les politiques prennent leurs responsabilités"

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Romain David , modifié à
Au micro d'Europe 1, Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes, réclame à la veille du Grenelle des violences conjugales un important renforcement de la politique de prise en charge des femmes battues.
INTERVIEW

Alors que débute mardi le Grenelle des violences conjugales, autour de la Secrétaire d'Etat Marlène Schiappa, les associations féministes ont déjà eu l’occasion dimanche, lors d’un rassemblement au Trocadéro à Paris, de dire leur colère face à une politique qui, selon elles, n’est pas à la hauteur de la "grande cause" du quinquennat proclamée par Emmanuel Macron. "On demande des changements importants. On peut faire baisser le nombre de féminicides en France, si les politiques prennent leurs responsabilités", assure au micro de Matthieu Belliard, dans la matinale d’Europe 1, Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes.

"On ne veut pas qu’il y ait deux ou trois Grenelles des violences conjugales, mais un seul et que les choses changent significativement. Pour ça, il faut absolument des moyens sur la table", martèle Anne-Cécile Mailfert, rappelant que les associations réclament un milliard d’euros pour traiter cette question. "Aujourd’hui, il n’y a que 18 millions d'euros. Ça peut paraître beaucoup pour des gens qui ne savent pas combien coûte une politique publique, mais en fait, 18 millions d’euros, c’est rien du tout."

"On essaye de vider l’océan, cet amas de violences, à la petite cuillère"

"Les femmes victimes de ces situations terribles sont terrorisées. Elles essayent de faire comme elles peuvent, appellent leurs parents, leurs voisins, la police… Et derrière il y a des vrais problèmes de prise en charge", poursuit la responsable de la Fondation des femmes. "Pourquoi ? Parce que l’on fait des économies avec des bouts de ficelle, parce que l’on essaye de vider l’océan, cet amas de violences, à la petite cuillère", fustige-t-elle.

Anne-Cécile Mailfert appelle non seulement à une remise à plat, mais aussi à un renforcement des politiques publiques en matière de violences conjugales. "Dans les commissariats, il faut que les personnes soient formées, que des protocoles d’accueil soient mis en place. Dans les tribunaux, il faut de la coordination entre les différentes procédures, que les ordonnances de protection ne mettent pas neuf mois à être données. La protection est censée protéger d’un danger immédiat !" Enfin, elle rappelle qu'il manque toujours 2.000 places en France dans les centres d'accueil et d'hébergement pour femmes victimes de violences conjugales.