Depuis plus de deux semaines le mouvement de grogne dans les universités se durcit. Plusieurs facultés sont désormais bloquées, d'autres perturbées. Jimmy Losfeld, président de la Fage, premier syndicat étudiant, était l'invité d'Europe 1 Bonjour, mercredi. Il relativise la portée des blocages, qui ont des justifications variables selon lui. Et rappelle que pour son syndicat, la réforme Parcoursup va dans le bon sens mais que l'Université manque de moyens.
"Pas des mouvements spontanés étudiants". L’étudiant revient d'entrée sur l'origine du mouvement : "On observe une montée des violences sur les campus. Depuis l'épisode de l'université de Montpellier, où des groupuscules cagoulés, vraisemblablement proches de l'extrême droite sont venus passer à tabac des étudiants, ça a déclenché plusieurs mouvements partout en France." Mais cet événement qui a, d'après lui, mis le feu aux poudres de la contestation étudiante, cache aussi une "instrumentalisation". "Derrière certaines de ces assemblées générales, ce n'est pas si sain (...) Et même pour nous, c'est assez opaque, car ce ne sont pas des mouvements spontanés étudiants."
"Les mots d'ordre ne sont pas clairs". Quant à la contestation proprement dite, là aussi l’obscurité règne pour le syndicaliste : "Les mots d'ordre ne sont pas très clairs en fonction des universités (...) Les blocages ne sont pas légitimés de la même manière", souligne Jimmy Losfeld qui n'adhère pas au mouvement tel qu'il est présenté aujourd'hui. "Nous sommes toujours en négociations sur le volet Parcoursup. Il y a encore beaucoup de réunions et moi, je constate que le Conseil national de l'enseignement et de le recherche (Cneser), qui est l'instance nationale de démocratie sociale dans l'enseignement en France, a voté favorablement pour la réforme et le projet de loi."
"La réforme va dans le bon sens". Le syndicaliste regrette qu'on vienne "raconter des contre-vérités sur la réforme", dit-il en parlant de diverses organisations syndicales étudiantes. "Les personnes à l'origine de ces blocages ne cherchent pas de sortie de crise. On parle beaucoup de ces blocages, à juste titre parce qu'ils sont visibles, mais parfois, ils sont partiels, parfois il y a peu d'étudiants et je tiens à rappeler qu'on est en pleine période électorale à l'université. Et les organisations à l'origine de ces blocages ne sortent pas majoritaires des scrutins. La Fage continue de remporter les élections. Ça veut dire une chose : que les étudiants partagent plutôt notre point de vue. La réforme va dans le bon sens mais il faut des moyens supplémentaires", explique-t-il, sur le fond.