En dépit du recul de l'âge de départ à la retraite, le taux d'emploi des 60-64 ans est en France nettement inférieur au reste de l'UE et ne progressera qu'avec une meilleure qualité de vie au travail, selon un rapport publié lundi. Intitulé "les seniors, l'emploi et la retraite", ce rapport de France Stratégie, organisme d'experts rattaché à Matignon, veut "proposer un diagnostic sur la situation des seniors vis-à-vis de l'emploi" en prévision de la future réforme des retraites.
A 60 ans, 42 % des personnes en emploi. Si le taux d'activité des seniors a augmenté depuis une quinzaine d'années du fait de la baisse des cessations anticipées d'activité et des réformes successives des retraites, la France se caractérise par un taux d'emploi des 60-64 ans de 30% contre plus de 42% en moyenne dans l'Union européenne. Ainsi en moyenne sur les années 2015 à 2017, à l'âge de 60 ans, 42% des personnes sont en emploi, 29% en retraite (ou en cumul emploi-retraite), 7% sont au chômage, 12% sont devenues inactives après leurs 50 ans et enfin 10% sont inactives depuis avant 50 ans ou n'ont jamais travaillé.
Pour les auteurs, "l'effet des règles du système de retraite sur l'emploi des seniors est loin d'être mécanique". Pour preuve, le relèvement de l'âge d'ouverture des droits de 60 à 62 ans en 2010 s'est traduit "par une progression de l'emploi pour la moitié seulement des personnes concernées". "Au final on compte, pour 100 retraités de 60 ans en moins, environ une moitié d'actifs (majoritairement à temps plein), un tiers d'inactifs (dont une part substantielle d'invalidité/maladie longue) et près de 20% de chômeurs", constatent-ils. "Les effets de substitution (vers le chômage, la maladie et l'inactivité) s'avèrent donc in fine significatifs, ce qui atténue l'efficacité globale de ce type de mesure", analysent-ils.
Difficulté à sortir du chômage, préjugés défavorables... Les facteurs de ce "non-emploi" sont multiples : difficulté pour les seniors à sortir du chômage, préjugés défavorables dans les recrutements, méconnaissance des dispositifs de poursuite d'activité, raisons personnelles (état de santé, charge des proches, vie de couple, etc.).
Les auteurs notent d'ailleurs que les pouvoirs publics ont abandonné ces dernières années les mesures ciblées et peu efficaces pour les seniors au profit d'un appel aux entreprises "à une politique de gestion des âges plus globale" passant par la prévention de l'usure professionnelle, la formation, l'aménagement des postes, des horaires, des modes de travail, etc. Dans la perspective de la réforme des retraites prévue l'année prochaine, ils préviennent qu'"une liberté de choix (de fin de carrière) sans qualité de vie au travail ne s'exercera pas dans un sens favorable à la poursuite de l'activité".