Le 9 janvier 2015, les frères Kouachi se retranchaient dans une imprimerie de Dammartin-en-Goële, en Seine-et-Marne, au terme d'une cavale entamée deux jours plus tôt après la tuerie de Charlie Hebdo à Paris. L'imprimerie de Michel Catalano. Pendant une heure, il sera leur otage. Deux ans et demi après, Michel Catalano assure aller un peu mieux. "J'avance", confie-t-il vendredi sur Europe 1. "Tous les jours j'ai une boule au ventre quand j'arrive le matin. C'est comme si vous aviez un accident grave et que vous y retourniez tous les jours. Mais je pense que ça finira par disparaître".
Son imprimerie en route depuis septembre. Après de très lourds travaux et des mois de démarches administratives, l'imprimerie de Michel Catalano a rouvert en septembre. "C'est assez compliqué de remettre l'entreprise en route, on a mené des déménagements, l'embauche de plusieurs personnes. Cela a mis plus de temps que prévu. Aujourd'hui j'ai un bel outil, une bonne équipe", précise-t-il. "Je me force à faire les choses de tous les jours, mais il faut le faire. J'ai des peurs qui rejaillissent, mais j'avance. C'est la seule solution pour continuer à vivre".
Le bruit de l'escalier. "En fait ce qui reste dans mes cauchemars, c'est ce bruit d'escalier [celui de l'imprimerie , ndlr] car quand ils sont arrivés, ce bruit était pour moi une condamnation à mort. Ce bruit revenait systématiquement", explique l'imprimeur. Depuis l'escalier métallique a été remplacé par un escalier en bois. Sur les murs de l'imprimerie, aussi, ont été inscrites des citations, parmi lesquelles une phrase de Bob Marley :"Tu ne sais pas à quel point tu es fort jusqu'au jour où être fort reste la seule solution". "Maintenant avec le recul, je me dis que j'ai vécu quelque chose de dramatique et je pense que je suis plus fort que je ne l'étais avant ça psychologiquement", assure Michel Catalano.